De Neila Charchour
L´article 5 de la nouvelle constitution ouvre la porte à toutes sortes d’excès.
A mon sens l’Islam et ses interprétations humaines ne peuvent en aucun cas être une politique à suivre ni encore moins une Oumma à laquelle nous devons appartenir. C´est à l´Oumma du progrès scientifique qu´il faudrait appartenir.
L’Islam n’est qu’une religion et certainement pas une identité comme on cherche à nous l’imposer. Autrement dit, la religion est une croyance que l’on peut au nom des libertés individuelles embrasser ou pas à titre strictement personnel.
Une religion avec tous ses aspects et rituels sacrés qu’il faut, bien évidement; respecter même si l’on n’y adhère pas. Surtout que l’Islam prône une relation directe avec le créateur sans aucune interférence de quiconque.
La tentation d’un islamisme quelconque n’est donc pour moi qu’une manipulation politique indécente qui ne peut qu’entacher ma religion. Il est par conséquent du devoir de la République de précisément protéger notre religion de ce type de manipulation d’autant que nous sommes un pays à majorité musulmane. Nul besoin de nous islamiser. Une interdiction claire de se servir de la religion par les politiciens pour convaincre aurait carrément dû être énoncée. J’ai vu de mes propres yeux lors de la toute première campagne électorale un banderole qui disait ” Voter Ennahdha garantit une place au Paradis”. D´un crétinisme à l’état pur.
Par ailleurs, j’estime qu’il y a un monde de différence entre le Coran et la Chariaa. Si le Coran est admis comme étant la parole sacrée de Dieu, la Chariaa elle, ne représente que les différentes interprétations de multiples oulémas selon les différentes époques et leurs besoins. Autrement dit une œuvre humaine appelée à évoluer selon le contexte du moment. Ce qui lui ôte tout caractère sacré qu’on cherche aussi à nous imposer. Nous ne devons considérer la Chariaa que comme une simple source d’inspiration mais certainement pas comme une loi sacrée que la République se doit de protéger. En République, les lois se votent à travers une majorité populaire mais elles ne doivent certainement pas nous être imposées par une fatwa quelconque venant d´un Alem quelconque.
Par ailleurs en politique et depuis la nuit des temps, le mensonge et la trahison sont courants. La vie des hommes n’a jamais eu de valeur que dans le cadre du martyre surtout lorsqu’il s’agissait de défendre le créateur et sa religion. Puis il en fut de même pour défendre son Calife ou son Sultan, considérés comme représentants d’Allah sur terre qui méritaient donc qu’on leur sacrifie des vies.
C’est fou ce que la religion, à travers la manipulation politique, peut devenir une arme de destruction massive ! Et cela me révolte au plus haut point.
Lorsqu’on pense à toutes les guerres de religion qui ont eu lieu, alors qu’il ne s’agit que d’un seul et même Dieu, nous nous trouvons en plein délire. La création d’Empires, l’étalage des forces et la confiscation des biens, ne relevaient que d’un esprit belliqueux primaire.
Or depuis les deux dernière guerres mondiales, le nombre de morts et les quantités de sang versés ont fini par pousser l’Homme à la réflexion pour trouver de nouveaux moyens moins sanglants et plus civilisés pour pouvoir « quand même » s’approprier un pouvoir ou les biens d’autrui et les trésors de la nature.
Il a fallu traverser le siècle des lumières, la révolution industrielle, l’immense avancée des différentes technologies pour que des réflexions globales aient lieu et finissent par aboutir à « La déclaration universelle des droits de l’Homme » et toutes les lois internationales qui s’en suivent. Nous avons donc pu espérer nous éloigner de la sauvagerie primaire et de l’autoritarisme des temps anciens.
Quand on sait que le Président prône un régime présidentiel, si sa nouvelle constitution est votée nous n’aurons même pas la possibilité de compter sur le Parlement pour équilibrer tout les excès possibles à travers une appartenance à la Oumma Islamique.
Autrement dit, ce n’est que grâce à la reconnaissance des droits et des lois, que les peuples peuvent et se doivent d’évoluer. Et même si tous les peuples n’évoluent pas au même rythme, les plus avancés doivent servir d’exemple aux retardataires dont la Oumma Islamique fait actuellement partie.
Par conséquent dire que nous appartenons à cette Oumma ne me représente d’aucune manière. Je veux appartenir au monde développé, celui du savoir, de la création, de l’innovation et de l´évolution humaine dans toys les domaines.
Sans compter qu’avec la manière dont a été élaborée cette constitution, le Président a crée un antécédent grave qui permettra à chaque nouveau président de réécrire une nouvelle constitution selon ses propres souhaits. Et dire que j´a rêvé de la stabilité et du respect de la constitution de 2014 par rapport à celle de 1959 qui n´a cessé d´être amendée.
Pour conclure, si les élites spécialisées très minoritaires, sont divisées pour évaluer cette constitution, qu’en sera-t-il de la majorité des citoyens, dont je fais partie, qui ne sommes pas capable d’évaluer correctement les tenants et les aboutissants de cette nouvelle constitution ?
Le Référendum se transformera en un vote de confiance ou de méfiance vis à vis-à-vis du Président.
Est-ce réellement notre objectif ?
Si on offre la confiance au Président on ouvre une porte à toutes sortes d’excès.
Si on lui ôte la confiance qu´avons-nous de prévu pour la suite ? Serait-ce un retour à l´Assemblée de la honte ?!
Mon Dieu quel dilemme !!