Africa communications week
La Tunisie dispose d’un potentiel technologique important lui permettant le développement économique en Afrique. Comment peut-on améliorer ce potentiel ? Devons-nous nous contenter de la manière traditionnelle ? Le tempo ‘où va le monde’ est beaucoup plus vite qu’auparavant.
En marge de la clôture, hier 25 mai 2018, de l’Africa communications week, a été débattue une thématique à l’air du temps. Il s’agit du rôle de la communication digitale dans le développement économique Tunisie- Afrique. L’objectif est de faire rayonner la Tunisie sous les cieux africains parce que nul ne peut négliger les atouts de ce marché notamment la population à moitié jeune et les taux de croissance de plus en plus évolutifs.
L’implication de tous les acteurs demeure ainsi une obligation. L’Etat s’y engage déjà. Chaouki Jebali, directeur de la coopération avec les pays africains et l’Union africaine au sein du ministère du Commerce, dresse un état des lieux des relations de coopération économique et commerciale de la Tunisie avec les pays de l’Afrique subsaharienne. De prime abord, le responsable a mis sous la lampe les différentes mesures gouvernementales dont le tiers concerne l’Afrique. Il s’agit des décisions du Conseil supérieur de l’exportation, de l’ouverture de nouvelles représentations commerciales et diplomatiques et de l’inauguration de nouvelles lignes maritimes et aériennes vers certaines capitales africaines. Il a, en sus, pointé du doigt l’organisation du Forum économique africain les 24 et 25 avril 2018. Au final, il a veillé à énumérer les projets d’intégration régionale et continentale dont l’adhésion au Comesa, la signature d’un mémorandum d’Entente avec la CEDEAO et la participation aux négociations de la Zone de libre- échange continentale africaine (Zleca).
Bien qu’il ait fait un bond en avant s’agissant du renforcement des relations tuniso-africaines, l’Etat tunisien se limite aux outils traditionnels, certes indispensables mais insuffisants.
Les échanges intra-Afrique à l’ère du digital
Férid Tounsi, PDG de Tunisie Afrique Export souligne la nécessité de s’adapter à la transformation digitale ayant révolutionné les modes de développement. Selon ses dires, la Tunisie est parmi les trois pays africains les plus développés en matière de l’infrastructure numérique, quatre mille étudiants tunisiens sont formés sur les TIC et 1800 entreprises privées ont déjà porté la posture du digital. La problématique se pose en ces termes : comment peut-on tirer profit du numérique pour le développement régional ? Il estime qu’il est opportun de communiquer efficacement sur les secteurs porteurs en Tunisie en particulier le secteur bancaire et sanitaire.
Adhérant à cette idée, Akram Béji, CEO de Medianet trace les fondements d’une stratégie de communication digitale efficace.
En premier lieu, il a mis en relief la phase de l’identification de la cible. Pour s’adresser davantage au marché africain, il faut le diviser en entités, à savoir que l’Afrique est composée de quatre communautés dont chacune a ses spécificités culturelles et ses différences économiques. Cette segmentation doit même aller en profondeur, pour une division par secteur et par produit.
Il faut ensuite appliquer une stratégie de communication de quatre niveaux. En premier lieu, la présence de l’entreprise/du produit sur les différents canaux. La deuxième étape est la visibilité : il faut que les internautes soient touchés par les différentes publications.
Après quoi, vient la phase d’acquisition. En d’autres termes, il faut convertir la visibilité en chiffres. La dernière étape est de veiller à avoir une image de marque et de se positionner sur le marché.
De son côté, la gérante de l’agence spécialisée en webmarketing et conseil digital Pi2R, Hosni Krid Gargouri, considère que les facteurs clés pour réussir une stratégie digitale sont au nombre de trois : ne pas mettre en cause les autres canaux traditionnels et la démarche classique, profiter de la puissance de la démarche numérique pour être « les first-movers » et baser la stratégie sur les statistiques et sur les études de comportement de la cible pour anticiper le développement de l’écosystème. Selon le retour, des indicateurs permettront au final d’ajuster la stratégie.
« Certaines entreprises tunisiennes expriment encore leurs hésitations quant à l’investissement sur le digital. De par mon expérience, la communication digitale est pérenne et hyper rentable », a-t-elle conclu.