Interview avec Hédia Bel Haj Youssef
En marge d’un atelier de réflexion organisé par le CAWTAR et le PNUD en collaboration avec le Centre international de droit comparé de L’environnement (CIDCE), nous avons rencontré Hédia Bel Haj Youssef responsable du Centre de gestion de l’information et base de données à CAWTAR. L’occasion de découvrir les dernières réalisations de CAWTAR en matière d’environnement et d’autonomisation des femmes.
Le centre CAWTAR (The Center of Arab Woman for Training and Research) a été créé en mars 1993, pour répondre à la demande de plusieurs gouvernements arabes, d’organisations de la société civile et d’institutions. Le centre de formation et de recherche vise à impulser une dynamique à la région arabe en matière d’études du genre, de connaissances et de plaidoyer pour l’amélioration du statut des femmes à travers la collecte de données, d’indicateurs et de statistiques.
Pouvez-vous nous expliciter le rôle de CAWTAR dans le droit de l’homme à l’environnement ?
La question du genre est un problème transversal. Il touche tous les domaines y compris l’environnement. Et quand on parle de droit, la composante “femme” devient dès lors essentielle. Les femmes sont les premières à être touchées par les catastrophes. Pour prendre le cas de la Tunisie par exemple, vous savez que ce sont les femmes qui font la collecte de l’eau. Dans certaines régions rurales touchées par la sécheresse, ce sont les femmes qui se déplacent pour trouver d’autres abris !
Malgré le rôle important des femmes dans le secteur de l’eau, en tant que principales utilisatrices et gestionnaires de cette ressource, elles ont continué à être exclues de la prise de décision et des processus de planification. Afin d’assurer une gouvernance plus juste et efficace, il est indispensable d’incorporer la dimension genre dans les politiques et programmes de gestion de l’eau.
D’un point de vue universel, pour la question des ODD par exemple, l’égalité des genres est impliquée dans l’ensemble des objectifs.
Quels sont les projets actuels de CAWTAR ?
Actuellement, nous sommes en train de préparer notre 7ème Rapport du Développement de la femme arabe sur les ODD. Nous avons travaillé avec la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) pour apporter l’approche genre au programme de la FAO en Tunisie et dans d’autres pays. Nous avons travaillé sur “femmes et gestion de l’eau”, avec la GIZ et Aquastat. Nous avons élaboré des indicateurs genres pour la gestion de l’eau et l’intégration des femmes dans la prise de décision dans la gestion de l’eau.
Le processus de décentralisation éveille des attentes aussi nombreuses que variées. Comment favoriser le renforcement du rôle des femmes dans ce contexte ?
Depuis 2011, CAWTAR participe au renforcement des capacités des sociétés civiles émergentes pour qu’elles soient pérennes, notamment dans les régions. Le CAWTAR appuie des associations et médias au niveau local pour une meilleure implication dans la vie publique afin de garantir une décentralisation où femmes et jeunes, société civile et médias collaborent avec les autorités locales pour une meilleure gouvernance locale.
Nous lions toujours les problématiques de la participation politique, de l’environnement, et de la gouvernance à la question genre. La décentralisation va permettre aux femmes d’être plus présentes et de participer à la prise de décision au niveau local, et nous y travaillons.