La Tunisie fait face à des défis cruciaux en matière d’emploi des jeunes, une situation que met en lumière une enquête du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Les résultats de l’étude révèlent des disparités de genre frappantes, avec 62,5% des inactifs cherchant du travail mais indisponibles dans l’immédiat qui sont des femmes contre 37.5% pour les hommes.
En effet, et malgré des niveaux d’éducation plus élevés, les femmes sont confrontées à des obstacles persistants sur le marché du travail, mettant en évidence la nécessité d’une action urgente pour surmonter ces inégalités.
Selon l’enquête, les femmes, même avec un niveau d’éducation supérieur, passent plus de temps en situation de NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation) que les hommes. D’ailleurs, 46,8% des NEET diplômés sont titulaires d’une licence dans les quatre gouvernorats étudiés, soit Gafsa, Kairouan, Monastir et Sidi Bouzid, masquant toutefois un écart significatif entre les sexes, avec 53,6% de femmes titulaires d’une licence contre 38,3% d’hommes.
La situation est complexe, impliquant non seulement des facteurs éducatifs, mais aussi des obstacles familiaux pour les femmes NEET dans leur intégration professionnelle. Environ 32% d’entre elles déclarent que leur époux prend en charge leur situation matérielle. Toutefois, cette prise en charge se fait au détriment de leur autonomie financière et de leur liberté de chercher un emploi. Les principales raisons évoquées par les femmes pour ne pas chercher activement un travail incluent l’obligation de rester à la maison pour des responsabilités familiales (garde de personnes dépendantes ou d’enfants, tâches ménagères) avec un taux de 28,5% sur les quatre gouvernorats, et la pression familiale explicite de ne pas travailler, affectant 20,5% des femmes.
Gafsa, Kairouan, Monastir et Sidi Bouzid comme échantillon
Pour surmonter les obstacles culturels et matériels qui freinent la participation active des femmes au marché du travail tunisien, l’étude de la Pnud incite à la promotion de développement d’établissements de formation à l’éducation maternelle pour améliorer les possibilités de prise en charge des enfants. Cette initiative pourrait contribuer à alléger la charge du travail domestique traditionnellement portée par les femmes et à encourager leur participation au marché du travail.
Par ailleurs, des réformes structurelles sont nécessaires pour résoudre l’inadéquation entre les compétences des jeunes et les besoins des employeurs.
Il est à noter que cette réalité ne concerne pas seulement les individus, mais elle a des implications profondes pour l’avenir de la Tunisie. Alors que les jeunes du pays atteignent des niveaux d’éducation relativement élevés, le marché du travail ne parvient pas à les intégrer, créant un sentiment de frustration parmi eux, comme l’explique l’étude.
Cette étude a focalisé sur les gouvernorats de Gafsa, Kairouan, Monastir et Sidi Bouzid. Elle explique que ce choix résulte du fait que ce sont les gouvernorats avec le nombre le plus élevé de mouvements sociaux, selon le Crisis Risk Dashboard du Pnud. Quant à Monastir, elle a été choisie comme gouvernorat de contrôle, qui présente moins de mouvements sociaux et un milieu socio-économique plus aisé.