La balance des paiements est au cœur des débats économiques depuis une période. Pièce maîtresse dans la gestion budgétaire, sa bonne tenue ces dernières années a permis au dinar de résister, bien que la quasi-totalité des indicateurs macroéconomiques se soient significativement détériorés.
Certes, les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger ont contribué à la création d’un flux récurrent en devises, compensant l’absence des revenus des phosphates ou ceux des investissements directs étrangers. Mais le plus intrigant reste les investissements en portefeuilles, qui ont signé une troisième année consécutive de baisse, soldant 2022 avec un désinvestissement net de -49,4 MTND. Si nous réussissions à le faire basculer à 500 MTND ou plus, cela aurait des retombées positives et permettrait à l’économie de mieux fonctionner.
Les investissements étrangers en portefeuilles augmentent la liquidité des marchés de capitaux et peuvent aider à développer leur efficacité. Lorsqu’ils deviennent plus liquides et plus profonds, un plus grand nombre de sociétés peuvent être financées.
Comment donc parvenir à attirer cet argent? Il faut d’abord améliorer la qualité de l’information fournie par les entreprises cotées. Les investisseurs étrangers, qui n’ont pas l’avantage de connaître de l’intérieur les opportunités d’investissement, exigent une transparence accrue et un niveau plus élevé de divulgation d’informations. Les sociétés cotées doivent communiquer beaucoup plus de données, publier leurs plans de développement, des rapports annuels bien conçus et en différentes langues. Les rendez-vous trimestriels doivent être riches en données, et pas seulement des indicateurs qui ne donnent aucune idée sur les résultats de la période concernée.
Il faut également diversifier l’offre. Actuellement, le marché primaire est essentiellement dominé par les titres de créance de l’Etat. Il faut penser à trouver la formule pour permettre aux étrangers de souscrire à cette dette. Mais en parallèle, il convient de leur donner la possibilité d’utiliser les instruments de couverture contre les risques, comme les contrats à terme, les options, les swaps et autres instruments de couverture.
Enfin, nous avons besoin d’un marché actions plus profond, avec de grandes capitalisations dans des secteurs stratégiques et avec des flottants importants qui rendent leur reprise une vraie possibilité. Est-ce qu’un gérant de portefeuilles étrangers trouve un intérêt à acheter 10% dans le capital d’une PME tunisienne cotée, où l’actionnariat est essentiellement familial?
Nous avons besoin d’une révolution. Des étapes ont été déjà accomplies et il reste beaucoup à faire. L’ouverture du capital de certaines entreprises publiques pourra être un bon point de départ pour commencer la longue marche vers la transformation de la Place de Tunis en une plateforme financière régionale.