Le secteur du leasing, l’un des contributeurs au financement des PME tunisiennes, dénombre 8 opérateurs contribuant au financement de l’investissement national à hauteur de 8% en moyenne.
Après trois années de baisse, le secteur a repris en 2021, affichant une hausse de la production de 18,9%, une reprise s’est confirmée en 2022 avec une progression des mises en force de 15,8%. Le secteur du leasing a pu profiter du redressement de certaines activités économiques, à l’instar du tourisme, à travers la location de voitures et les services en général après un exercice 2020 fortement pénalisé par la crise sanitaire et les mesures locales et internationales de restrictions dans les déplacements des personnes et des marchandises.
MAC SA a relevé dans son rapport «Réalisations 2022 et perspectives de 2023», jeudi 16 février 2023, que le secteur demeure encore loin des niveaux de production de 2017 et 2018. D’après les professionnels du secteur, la baisse des investissements a bien rejailli sur le niveau d’activité du leasing. En chiffres, le ratio FBCF en % du PIB devrait s’établir à 15,4% au terme de l’année 2022 contre 16% en 2021, 15,8% en 2020 et plus de 19% au terme des années 2017-2018-2019.
La part du matériel spécifique dans les mises en force, indicateur qui reflète l’évolution des investissements physiques, a été remarquablement réduite par comparaison avec les années antérieures. Actuellement, le plus gros de l’activité se fait sur le matériel roulant.
En termes de production, Tunisie Leasing reste leader avec une part de marché de 18% suivie de la CIL avec 17%, 16,6% pour l’ATL, 15,9% pour Hannibal Lease et 12,5% pour Attijari Leasing, soit une part globale de 80% pour ces cinq sociétés cotées.
Quant au PNL du secteur, il a augmenté de 14,3% en 2022 (hors BTK Leasing). D’ailleurs, toutes les sociétés ont évolué et le meilleur taux est réalisé par Best Lease (+18,6%) suivie de ATL (+16,3%) et Hannibal Lease (+15,4%).
Cette hausse à deux chiffres a favorisé, entre autres, la croissance du résultat brut d’exploitation (RBE) du secteur (hors BTK Leasing) de 22.3%.
En outre, les sociétés de leasing ont connu une nette amélioration de leurs qualités d’actifs avec un repli de 10% des engagements classés à 376,6 MD. De plus, par sociétés, hormis la CIL et Best Lease, les cinq autres sociétés cotées ont enregistré, durant 2022, une réduction de leurs encours d’engagements classés. Hannibal Lease a connu la plus forte baisse d’encours d’engagements classés (- 25%) suite à la radiation de 15,8 MTND suivie de ATL avec un repli de 18.8% (radiation de 7.9 MTND) et Attijari Leasing -17,1% (radiation de 11,6 MTND).
Les attentes de 2023
L’année 2023 serait l’année de tous les défis pour le secteur, à commencer par la conjoncture économique lourde d’incertitudes. L’investissement physique (investissement en matériel spécifique) n’a toujours pas retrouvé son rythme normal. Actuellement, le plus gros de la production se fait sur le matériel roulant qui représente 75 à 80% de l’activité. Même sur ce type de matériel, le risque de pénurie que connaît le secteur automobile est toujours présent, ce qui pourrait impacter l’activité en 2023, faute d’actifs à financer, et pousserait les leaseurs à financer du matériel d’occasion.
La poursuite de l’inflation, conduisant la BCT à relever son taux directeur (trois fois en 2022, le portant à 8% actuellement), risque aussi d’altérer la marge des leaseurs, même si le taux d’intérêt excessif (TIE) vient d’être porté à 16,09%.
Maintenir donc un niveau de spread rentable sans pour autant alourdir la charge financière des clients sous contrainte du respect du TIE est le plus grand défi à relever en 2023.