Avec la flambée des prix et l’effritement du pouvoir d’achat, les Tunisiens n’hésitent pas à s’offrir une bouffée d’oxygène auprès des banques, le débit, mieux connu dans le jargon quotidien sous le vocable «rouge». Sa valeur et son évolution sont un bon indicateur du gap entre le niveau de vie recherché et celui possible pour les particuliers, et entre le cash généré et les besoins d’exploitation pour les entreprises.
Fin novembre 2022, les comptes courants débiteurs affichent un solde de 9,337 milliards de dinars contre 8,015 milliards de dinars fin 2021. Sur 11 mois, c’est une hausse de 1,322 milliard de dinars, 4x l’évolution entre 2021 et 2020.
Pour les banques, les particuliers qui sont titulaires dans leurs postes de travail ou qui ont des revenus élevés peuvent accéder à ce service et sont une bonne source de marge d’intérêts. Pour les entreprises, cela entre dans les accords qu’elles trouvent avec leurs chargés de clientèle qui leur fixent les marges de dépassement possibles selon leurs volumes de business. Les établissements de crédit tentent de garder en vie les sociétés, mais ce n’est pas gratuit.
Ces statistiques expliquent également pourquoi l’investissement manque. La priorité absolue est accordée aux dépenses courantes et à la gestion à très court terme. Ni les particuliers ni les entreprises ne parviennent à dégager un excès de liquidités qui servira d’autofinancement pour des projets futurs. Ceux qui ont ce luxe préfèrent, logiquement, profiter des rendements généreux des placements en cette période faste des taux et attendre un meilleur contexte.