Le menu de l’actualité des Tunisiens est devenu purement économique ces dernières semaines. Le plat principal est connu: FMI épicé au Club de Paris. Cette composition a été enrichie d’un autre sujet, celui de la dette locale, et de l’exposition des banques au risque souverain. Mais est-ce que nous avons une idée sur le coût de cette dette en pourcentage? Nous connaissons le service de la dette en valeur absolue, mais pour comprendre l’ampleur du problème, il faut aussi penser taux.
Personne ne peut nier que l’intervention de l’Etat sur le marché financier local commence à nuire sérieusement aux autres agents économiques en quête de financement. La Banque centrale en a attiré l’attention dans le dernier communiqué de son conseil d’administration. Fitch Ratings a repris également cela dans son rapport sur la Tunisie le weekend dernier.
En même temps, le souverain paie de plus en plus cher le coût de sa politique. Fin 2022, le taux moyen des adjudications de bons du Trésor non encore échus (toutes échéances confondues) a atteint un nouveau pic à 8,157%. Par maturité, celle à 7 ans est la plus onéreuse, avec un taux moyen de 9,024%. A titre de comparaison, en décembre 2010, la moyenne était à 6,216%. Une différence qui peut paraître soutenable à première vue, mais il faut penser l’appliquer sur le volume. L’encours des bons du Trésor est passé de 5 848 MTND en 2010 à 24 003 MTND en 2022.
Ce qui allège ce coût pour l’Etat est les flux positifs qui sont générés plus tard. Les banques et les assureurs, qui détiennent l’essentiel de ces titres, vont dégager plus de bénéfices et donc payer plus d’impôts. La BCT, qui refinance davantage les établissements de crédit, va réaliser plus de bénéfices et verser plus de dividendes. Ce n’est pas un jeu à somme nulle, mais il permet à tous les participants de sortir gagnants, pour le moment.