Alors que les Tunisiens débattent encore plus du sujet des entreprises publiques, bien que les conclusions soient claires, les Égyptiens sont passés à la cinquième vitesse. Bien sûr, la situation financière du Caire est largement plus compliquée que celle de Tunis, avec un vrai risque de faillite. Il suffit de savoir que son service de la dette pour l’exercice fiscal 2022-2023 s’élève à 42 milliards de dollars alors que ses réserves en devises ne dépassent pas 35 milliards de dollars. Le pays est dos au mur et doit passer immédiatement à la caisse.
L’État compte donc céder ses parts dans, au moins, 32 entreprises publiques avant mars 2024. Ce que le gouvernement a évité de faire durant des années, il va l’exécuter en un temps record. Dans la liste des entités concernées, nous trouvons des banques de renommée, à savoir la Banque du Caire, la United Bank of Egypt et l’Arab African International Bank. Sont également mis en vente des hôtels, des entreprises industrielles, ainsi que des compagnies d’assurance, d’électricité et d’énergie. Il y a des parts dans des sociétés cotées, comme Paints and Chemical Industries Co, Port Said Containers And Cargo Handling Co, et Damietta Container and Cargo Handling Company seront cédées.
L’Égypte a accepté de procéder à ces ventes lorsqu’elle a conclu un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars avec le FMI en décembre 2022. Le produit de la vente servira à couvrir les déficits financiers pendant le programme quadriennal du FMI. De plus, ces mesures serviront à réduire l’empreinte de l’État dans l’économie, y compris celle des forces armées.
Pour éviter que cela ne soit notre sort au bout de quelques années, il faut accepter de procéder, en interne, à des réformes au-delà de la question des négociations avec les institutions financières internationales. Nous n’avons pas encore d’idée sur les amendements apportés à la loi 89-9 relative aux participations et entreprises publiques, mais il faut aller encore plus vite pour alléger le budget de l’Etat. Nos problèmes sont minimes par rapport aux Pharaons et ça sera du gâchis de se laisser emporter par un besoin de financement inférieur à 2 milliards de dollars. Vouloir tout garder n’a plus de sens.