L’ouverture de la rencontre annuelle du Réseau des villes du Maghreb s’est déroulée le 16 novembre dernier à la ville de Tunis. Elle a porté sur la thématique genre et gouvernance locale. Cette journée était plus particulièrement consacrée aux “Politiques locales et à la promotion de l’égalité de genre en matière économique: états des lieux, défis et opportunités”.
En fait, cette journée de travail est une activité d’échange, de réflexion et de recommandation entre les femmes leaders et entrepreneures venues des pays du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) pour parvenir à une meilleure coopération sous-régionale dans laquelle les femmes auraient plus de place dans les postes de décision avec une autonomie financière.
Faut-il promouvoir plus de politiques locales qui prennent en compte la dimension genre?
L’égalité de genre constitue un droit fondamental. Consacré dans toutes les constitutions des pays du Maghreb, le principe d’égalité entre hommes et femmes implique que ces dernières jouissent de l’égalité des chances, des choix, des capacités, du pouvoir et du savoir en tant que citoyens égaux. Par conséquent, les pays du Maghreb couvrent des citoyens acteurs de développement national et local. Cyrine Ben Romdhane, présidente du Réseau des femmes leaders du Maghreb (RFLM), indique que le développement local implique l’adoption de politiques socioéconomiques qui garantissent l’égalité des chances entre tous les citoyens et un processus de déploiement agile qui gouverne la créativité, relève les défis du changement climatique et trace le chemin du développement durable, c’est dans ce contexte que les villes s’approprient de plus en plus les avantages de l’entrepreneuriat, lequel répond à la réalité locale.
Le débat sur le statut des femmes dans les pays du Maghreb demeure au cœur des enjeux politiques de ces pays. ”Les mairies et la société civile peuvent jouer un rôle important pour créer une dynamique de coopération”, souligne Taïeb Baccouche, secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe.
Les obstacles et recommandations pour une meilleure intégration
Il est vrai qu’il existe une évolution du statut de la femme dans les pays du Maghreb au niveau des initiatives des autorités locales pour son intégration économique et aussi en termes de sensibilisation et dissémination de l’entrepreneuriat féminin.
Certes, on a récemment assisté au Maroc à l’élection d’une première femme maire de Rabat suivi après de Casablanca et Marrakech, mais les mairies ne possèdent pas encore de budget de fonctionnement. Il existe, aussi, un problème lié à l’accès à l’information, comme la formation. Houda Lakhchine annonce que le Maroc est enfin pour l’instauration de l’Etat social en priorité des choix politiques afin de favoriser la dignité humaine et d’offrir des services de base: la santé, l’éducation et l’emploi. “On attend de l’AIMF l’accompagnement et le partenariat pour la réalisation des projets”.
En Mauritanie, Fatimetou Baban, responsable de l’encadrement de l’entrepreneuriat féminin à Nouakchott, a mis l’accent sur le problème de l’analphabétisme, outre l’influence de l’immigration, et malgré ces contraintes, le travail de la municipalité de Nouakchott n’a pas cessé et a pu créer d’autres alternatives pour les femmes dans l’agriculture et les garderies, entre autres, grâce aux micro-crédits et aux dons pour les aider à créer de petites entreprises.
Pour le cas de la Tunisie, Hatim Ben Kedim, chef de cabinet et chef du projet Femmedina, municipalité de Tunis, a indiqué le manque d’opportunités de formation, de renforcement de capacité et le manque d’accès à l’information. Selon ses propos, la Tunisie s’est associée à la campagne “Informer les femmes, transformer les vies” lancée par le Centre Carter. Ben Kedim dévoile que l’information est capitale pour les femmes afin d’avoir accès à différents services, ce qui leur permet de développer leur potentiel économique et social. Ainsi, il propose les recommandations suivantes:
- Orienter et optimiser les investissements futurs pour renforcer la participation économique féminine dans la ville de Tunis;
- Adopter des politiques locales et nationales réformistes pour promouvoir le leadership féminin;
- Engager des programmes et des projets de leadership économique des femmes;
- Adopter des politiques inclusives de planification et de développement urbain répondant aux besoins et aux aspirations des femmes dans la ville de Tunis.
Trois jours d’échanges qui ont mis en évidence le rôle des élus locaux quant à la Francophonie de demain et l’extension de l’insertion de la dimension genre dans l’élaboration de leurs politiques locales et en particulier en matière économique. La rencontre, qui constitue un geste fort concernant les rôles des maires des pays du Maghreb, coorganisée par la Ville de Tunis, RFLM et AIMF, abrite aussi d’autres pays de l’Europe et de l’Afrique et bénéficie du soutien financier de l’Union européenne dans le cadre du partenariat stratégique AIMF-UE.