La Tunisie abrite du 1er au 5 avril 2018, la 43e Rencontre annuelle du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID). Les travaux de cette édition sont axés sur le développement de l’infrastructure en Afrique, les partenariats stratégiques pour le développement des affaires, l’autonomisation économique des femmes, l’emploi des jeunes, le financement du développement, la propriété intellectuelle et les solutions scientifiques et technologiques au service du développement durable. Le premier panel de la seconde journée s’est focalisé sur “ Les Partenariats pour la promotion de l’autonomisation économique des femmes : un préalable pour la réalisation du développement inclusif et durable”.
L’égalité des genres: au coeur de la stratégie de la BID
Les ODD, rappelons-le, sont un appel mondial lancé par le PNUD en 2016. Il ambitionne d’éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes constituent l’un des 17 objectifs de développement durable: il s’agit de l’ODD 5. Mais à regarder de plus près, cet objectif fait également partie intégrante de tous les aspects d’un développement inclusif et durable. En résumé, tous les ODD dépendent de la réalisation de l’Objectif 5. Le panel sur “Les Partenariats pour la promotion de l’autonomisation économique des femmes : un préalable pour la réalisation du développement inclusif et durable” nous a permis de mieux cerner le rôle de la BID dans ce domaine et de comprendre le rôle vital d’un partenariat mondial pour la réalisation de l’ensemble des objectifs. Mais aussi d’écouter des acteurs de tous bords, agissant en faveur de l’ODD 5. Jamila Belabidi-Chahid, responsable du groupe des achats internationaux chez Procter and Gamble, dirige le programme Supplier Diversity en dehors des États-Unis. Elle s’engage personnellement à promouvoir l’égalité des sexes dans la base de fournisseurs de P & G en Europe, en Inde, au Moyen-Orient et en Afrique. Elle indique que plus de 85% des consommateurs du groupe sont des femmes, d’où l’importance de renforcer l’autonomisation des femmes. “ Le programme Supplier Diversity a enregistré de grands résultats qui nous ont poussé, septembre dernier, à engager plus de cent millions de dollars durant les deux prochaines années”.
Amani Asfour, présidente de la Fédération internationale “Business and Professional Women” (BPW), a indiqué que la problématique des passations de marché est au cœur du plaidoyer de la fédération. Elle a insisté sur l’importance de donner du pouvoir aux femmes pour l’accomplissement des ODD. Mais pour cela, précise-t-elle, “il faut que les femmes aient leurs activités, il faut les former, développer leurs capacités, pour qu’elles sachent comment répondre aux exigences de la passation de marchés”. Amel Hamza, spécialiste principale du genre au département du genre, des femmes et de la société civile à la Banque africaine de développement, a rappelé que la dimension genre fait partie de chaque axe stratégique de la Banque. Notamment avec la stratégie genre 2015–2030. En 2016, la BAD a lancé le programme “Action for Wemen” impliquant acteurs publics et privés pour assouplir l’accès au financement à destination des femmes. “L’axe important sur lequel travaille la banque, c’est également de mettre en réseau les femmes entrepreneures, pour partager leurs expériences”.
May Ali Babiker, Division Manager Women and Youth Empowerment Division à la BID, a indiqué que le renforcement des capacités des femmes est au cœur de la stratégie de la BID. “A travers la micro-finance islamique, sous forme de don d’actifs, on agit en faveur des jeunes et des femmes pour l’accès au financement, mais aussi le renforcement de la connaissance et des compétences”
La gendérisation des statistiques : un préalable indiscutable !
C’est ce qu’a indiqué Soukeina Bouraoui, directrice exécutive de CAWTAR. Elle a soulevé le rôle de la décentralisation dans cette quête de l’égalité des genres. “La décentralisation coûte cher, et nous ne possédons pas de statistiques par genre, car selon un député, cela coûterait cher !”. Elle lance un appel aux organisations internationales telles que la BAD, les Nations unies, la BID pour aider la Tunisie, à travers un budget d’appui, à élaborer des statistiques “gendérisées”. C’est avec ces données que nous pourrons entamer notre plaidoyer pour le changement et l’amélioration des conditions des femmes”.
En matière d’autonomisation des femmes, CAWTAR a développé une coopération triangulaire sud-sud impliquant la BID et une institution internationale pour développer le rôle des femmes dans l’économie tunisienne. Celle-ci verra le jour la semaine prochaine lors d’une manifestation à Lisbonne. Soukeina Bouraoui insiste également sur l’implication à la fois des banques, des institutions internationales et de la société civile dans la promotion du rôle des femmes dans le développement.