Avec l’OPA obligatoire sur les titres de CIL, la Bourse de Tunis pourrait de perdre une nouvelle société de la cote. Après les retraits de Tunisie Valeurs, Hexabyte et STEQ, la liste risque d’être plus longue. Cette fois, il s’agit d’une société en bonne santé et profitable. Seul pépin : le titre n’est pas liquide depuis 2011, comme la majorité des sociétés cotées.
Pour la compagnie de leasing, un retrait potentiel n’est pas un problème majeur. L’accès au marché obligataire pourra être fait à titre privé sans appel public à l’épargne. D’ailleurs, la démarche est beaucoup plus simple, sans la préparation d’un prospectus de quelques centaines de pages et qui coûte de l’argent. Les opérations de recapitalisation ne sont pas également un problème car le tour de table actuel opère en concert et est capable d’injecter de la liquidité en cas de besoin. De plus, il n’y aura plus cette obligation de publier des indicateurs d’activité trimestriels.
Mais pour la Bourse de Tunis, c’est une société en moins qui risque de quitter la Cote et qui n’est pas parmi les sociétés à problèmes, celles qui ont des fonds propres négatifs, qui ne respectent pas les engagements de communication financière et qu’il vaut mieux qu’elles plient bagages.
Cela incite à une réflexion en profondeur des règles de cotation. Sur les deux dernières années, les réglementations ont bien évolué et le cadre est en train de converger vers les meilleures pratiques, tout en tenant compte de la spécifié de la Place. Il ne faut jamais oublier que la Bourse de Tunis reste dominée par les investisseurs individuels, habituées durant de longues années à des rendements très élevés. Plus il y’aura des restrictions, plus le marché sera plus efficients et plus la possibilité de surperformance sera réduite.
La vraie révolution sera l’exigence d’un flottant important du capital et d’un nombre d’actions minimal pour un ordre en Bourse. Dans les marchés développés, il est rare de rencontrer un actionnaire qui détient plus que 30% du capital d’une entité, même s’il s’agit d’une banque. Une structure de propriété éclatée permet une plus grande rotation des titres et rend les opérations de rapprochement possible. Il y a des fusions-acquisitions quotidiennes qui n’auraient pas été réalisables si le tour de table des sociétés était à la tunisienne. Ici, on vient encore au marché pour donner une nouvelle virginité à ses ratios de dettes dans le seul objectif d’accéder à deux nouveaux crédits auprès des banques.
Quant à la question de la taille des ordres d’achat et de vente, il permettra de donner plus de crédibilité aux transactions et éviter d’ajuster le cours à la dernière seconde par un achat d’une seule action.
Le nettoyage de la Place financière est une priorité. Il faut que la Bourse de Tunis abrite les pépites de l’économie tunisienne. La nouvelle répartition des sociétés montre qu’il y a une conscience que certaines sociétés n’ont plus une place dans le marché si elles ne passent pas à l’assainissement. Progressivement, elles passeraient à l’oubliette rendant le fait d’être listé un coût.
Le financement dans les prochaines années passera plutôt par le marché et pas par les banques. Ces dernières ont déjà un encours à gérer et elles aimeraient bien que le risque soit partagé avec d’autres bailleurs de fonds. Il y a donc un besoin que la confiance envers les opérateurs du marché financiers soit infaillible. Les réformes ne tarderaient pas à venir et nous pouvons une vraie fenêtre de tir pour que la Place de Tunis soit au cœur du financement de l’économie tunisienne et au service des sociétés qui ont de vrais plans de développement.