La CNFCE lance “Elles s’engagent”, la campagne de promotion de leur manifeste actualisé par rapport à celui publié en 2019 avec l’Organisation Internationale du travail. À cette occasion, une conférence a été organisée hier, 25 juin 2021, au siège de l’UTICA.
“Elles s’engagent” signe la campagne de promotion de la version actualisée du Manifeste “Libérer l’entrepreneuriat féminin en Tunisie” de la Chambre Nationale des Femmes Chefs d’entreprises (CNFCE). Il s’inscrit dans le cadre du projet “La voie à suivre après la révolution : Travail décent pour les femmes en Egypte et en Tunisie” de l’Organisation Internationale du Travail, financé par le Ministère des Affaires Étrangères de la Finlande et avec le soutien technique du bureau des activités pour les employeurs de l’OIT (ACT/EMP).
Qu’est ce que ce manifeste ?
Ce Manifeste dont l’unique préalable développe une vision et déploie un plan d’actions en faveur des femmes. “Elles s’engagent” est une campagne qui tourne autour d’un storytelling digital en faveur du Manifeste. “Elles s’engagent” met en avant et met en valeur les actrices du quotidien et de demain à travers une série de portraits mêlant les interviews aux confessions, les engagements aux ambitions, la vision au plan d’action. Dans cette galerie, 1001 questions se posent à la mesure et à l’étendue de l’entrepreneuriat et de l’ambition au féminin en Tunisie.
Quel est l’objectif de cette campagne ?
L’objectif de cette campagne est de contribuer à démontrer et montrer la participation active des femmes à la dynamique et à la création de richesse au niveau de l’économie locale, régionale et nationale. Il s’agit également de permettre à ces cheffes d’entreprises à l’origine de ces initiatives de prendre conscience de leur force, de leur présence dans tous les secteurs d’activité et aussi de se situer par rapport à l’héritage du féminisme bourguibiste.
Les femmes sélectionnées sont expertes dans plusieurs domaines : santé , finance, art, économie sociale, artisanat, BTP, édition, politique, nouvelles technologies, recherche scientifique ou encore communication.
La Chambre nationale des femmes Chefs d’entreprises (CNFCE) en tant que patronat féminin a voulu leur rendre hommage. Ces femmes qui représentent un modèle de réussite de référence sont les ambassadrices d’un plaidoyer pour un écosystème favorable à la libération du potentiel de l’entrepreneuriat féminin à forte valeur ajoutée. Ce Manifeste est bien entendu partagé avec les pouvoirs publics. Le législatif se joint à l’exécutif pour porter sa voix.
“Elles s’engagent”, un bilan du manifeste publié en 2019
D’après Leila Belkhiria Jaber, présidente de la CNFCE, 2019 a été une année charnière pour la Chambre. Il y a eu la publication du manifeste Libérer l’entreprenariat féminin en Tunisie. La Tunisie souhaite se mettre au diapason des pays développés. “C’est une réflexion participative, une feuille de route qui nous guidera vers le changement”
Les chiffres sur la situation des femmes entrepreneures sont parlants : 90% des FCE sondées sont impactées par la pandémie, 77% des FCE ont perdu du revenu, 42,3% des FCE ont besoin de formation en digital et 47% des FCE sont intéressées par le partage d’expérience.
D’après une étude du World Economic Forum, 82% des femmes actives sont des salariées et seulement 7% sont des cheffes d’entreprise. Elle cite un responsable de la banque mondiale : il y a toutes ces étudiantes qui sortent des universités et sont absentes du marché du travail. “Où disparaît le talent féminin ?” Il s’agit d’une question fondamentale pour le futur économique de la Tunisie.
Des projets concrets pour les droits des femmes
Pour Imen Zahouani Houimel, ministre de la Femme, de la Famille et des Seniors, les femmes avancent progressivement vers l’acquisition de leurs droits et la régularisation de leur situation. En effet, un projet de loi a été élaboré sur l’organisation du travail domestique, qui va passer à l’ARP mardi prochain.
“Depuis l’indépendance, la Tunisie est pionnière dans les droits des femmes. Il est important d’apporter son soutien aux organisations féminines.”. Malheureusement, la Tunisie a pris la récession de plein fouet. C’est pour cela que le ministère de la Femme a mis en place plusieurs projets “Pour les femmes entrepreneurs, nous oeuvrons à renforcer la résistance à la récession et à mettre en place des lignes de crédit. Nous nous investissons également dans la lutte contre la violence faite aux femmes ”.
Depuis 2016, le ministère de la Femme a lancé Rayda et Raydet. Rayda a permis de lutter pour les femmes des régions. “Rayda a permis à 531 projets de PME de se lancer dont 30% dans les gouvernorats de l’intérieur. La BTS offre les lignes de financement”. Pour Mme Zahouani Houimel, “Il faut préconiser un modèle où l’intelligence est au centre, avec l’exigence d’investir dans une économie inclusive pour changer le rôle des genres”
Donner aux femmes la place qui est la leur
Quant à Eric Oechslin, directeur pour l’Afrique du Nord de l’équipe pour le travail décent de l’Organisation Internationale du travail, il rappelle les prémices du manifeste et le manifeste actualisé : “Depuis 2012, le projet pour un travail décent en Egypte et en Tunisie a commencé. Les objectifs de l’Organisation n’ont pas changé : améliorer la place des femmes et leur donner des responsabilités, tout en aidant les jeunes femmes à rêver”. Il cite Marilyn Monroe qui dit : “Les femmes qui demandent juste à être les égales des hommes manquent d’ambition”.
Samir Majoul, président de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat et Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, insistent sur le rôle des femmes dans l’économie tunisienne.
Samir Majoul cite de nombreuses figures du féminisme tunisien et arabe, comme Aziza Othmana. Samir Majoul a déclaré : “Dans l’entreprise, elles percent d’une manière magistrale. Les exemples de réussite sont multiples. Mais le parcours d’une femme entrepreneur est beaucoup plus difficile que celui d’un homme. Malgré l’évolution réelle en matière d’égalité des genres, nous souffrons toujours de la société patriarcale. Le constat est là. En matière d’entreprenariat, quand les femmes s’y mettent, elles font souvent autant, sinon plus, que les hommes. La question est donc d’encourager les femmes à s’engager dans le monde de l’entreprenariat”. Pour lui, l’UTICA souhaite voir plus de femmes entrepreneures, et les femmes entrepreneures n’ont “aucune leçon ni aucun conseil à recevoir. Au contraire. Elles peuvent nous enseigner et nous coacher”. Donc “La Tunisie a besoin de tout son potentiel humain, de tous ses hommes, de toutes ses femmes”
Tourisme, artisanat et développement régional
Le tourisme et l’artisanat ont été durement touchés par la crise sanitaire. Marie-Christine Oghly, présidente des Femmes Chefs d’Entreprise Mondiales (FCEM), parle de sa visite à Sejnane lors de sa dernière visite en Tunisie, où elle a eu la “chance de visiter le village de l’artisanat féminin”. Concernant le tourisme, elle annonce le grand projet de la FCEM pour améliorer le networking des femmes entrepreneures : “Dans cette association que j’ai la chance de présider, nous constituons un annuaire qui va recenser toutes les femmes dans toutes les associations qui travaillent dans le tourisme.”
Ruth Negash, présidente de la Comesa Fédération Women In Business (COMFWB), évoque le féminisme plus largement à l’échelle régionale : “Avec The African Electronic Trade Group (African E-trade), nous avons signé un accord pour une plateforme africaine qui sera lancée le 20 juillet. Elle permettra de booster le commerce interafricain en mettant en contact les professionnels et en facilitant le paiement.”