Il paraît que nos compatriotes qui travaillent en Afrique risquent de payer les pots cassés de ce qui s’est passé en Tunisie, ces deux dernières semaines, avec les ressortissants des pays hôtes.
Les autorités tunisiennes, qui ont pris fermement en main le problème des clandestins subsahariens, ont mené une campagne auprès des ambassadeurs africains pour leur expliquer les fondements de cette décision souveraine. Hier soir, des décisions ont été prises pour assurer un meilleur traitement des dossiers des étudiants et pour faciliter l’obtention de papiers ou le retour dans de bonnes conditions.
Politiquement, l’affaire est sensible, compliquée davantage par la réaction d’une partie des Tunisiens, qui se sont montrés xénophobes. Beaucoup pensent que ces immigrants occupent des emplois et tirent en bas les salaires alors que l’inflation est en train d’asphyxier leur pouvoir d’achat.
Maintenant, il faut logiquement s’attendre à ce que la diaspora en Afrique souffre de la même attitude. Pour le moment, il n’y a que des témoignages sur les réseaux sociaux de personnes qui font désormais attention lors de leurs déplacements, par précaution et non suite à des menaces.
Sur Twitter, l’activiste burkinaise Farafina Wamy a publié samedi sur son compte un post intrigant: «Les Ivoiriens rejoindront bientôt le sol ivoirien suite aux violences des terroristes tunisiens. Par ricochet, les Tunisiens aux yeux bleus devraient aussi se préparer à rentrer dans leur paradis afin de préparer le grand remplacement. Réciprocité oblige». Et ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres. Il y a donc le risque de voir les mêmes scènes extrémistes que nous avons vécues à Tunis il y a deux semaines.
Autre question importante. Plusieurs cabinets de formation, experts et entreprises font l’essentiel de leurs chiffres d’affaires dans les pays africains. Il y a des usines installées et des marchés confirmés pour certains groupes. Les réseaux sociaux évoquent le boycott de marchandises tunisiennes, mais il n’y a rien d’officiel. Si cela s’avère réel, qui va les indemniser? Tous ces professionnels doivent maintenant affronter la nouvelle réalité et redéfinir leurs stratégies. C’est loin d’être facile.
Ce qui est sûr, c’est que la qualité des relations Tunisie-Afrique s’est dégradée soudainement d’un cran et qu’il faudra bien du temps pour que cela change de statut et devienne un simple incident dans la longue histoire avec le continent. L’impact des réseaux sociaux dépasse largement les discours des responsables des deux parties, qui sont plus rationnels et comprennent le vrai enjeu de la question.