C’est un des pionniers du capital investissement en Tunisie. Habib Karaouli, actuellement PDG de Capital African Partners Bank (CAP Bank), ex-Banque d’affaires de Tunisie, est riche d’une quarantaine d’années d’expérience en investissement bancaire, en développement régional, en restructuration et création d’entreprises… Homme de culture et passionné de cinéma, il nous révèle quelques facettes insoupçonnées de sa personnalité.
Quelle est votre source d’inspiration ?
Ce sont mes lectures et un certain nombre de personnages historiques. Je peux citer Nelson Mandela qui m’inspire beaucoup sur le plan de la détermination et la magnanimité, au-delà de son combat. Cette capacité à pardonner, à se surpasser et à oublier soi-même pour rechercher le bonheur des autres. Telle est ma source d’inspiration de tous les jours. Ce grand personnage illustre un peu cette maxime de « Celui qui perd, gagne ».
J’ai toujours remarqué un élément discriminant chez les gens que je connais, c’est la passion. Je n’arrête pas de donner ce conseil précieux aux parents : s’il y a une chose que vous devez enseigner à vos enfants, c’est leur demander d’être passionnés par ce qu’ils font ! Quelque soit le domaine d’activité, si on est passionné, généralement, c’est une étape du bonheur.
Il y a également un autre élément capital dans ma vie de tous les jours, c’est l’admiration des gens dans tous les domaines d’activité et les actions qu’ils font. Une attitude qui permet d’aller de l’avant et d’éviter d’être aigri avec l’âge. J’ai vraiment de la peine pour les gens qui ont du mal à admirer.
Si vous deviez explorer un autre métier ?
Étant cinéaste amateur, j’ai été passionné par le cinéma, dès mon plus jeune âge. Déjà à 16/17 ans, je possédais mon propre labo photo dans un coin de la cuisine. J’estime que jusqu’à l’âge de 40 ans, voire 50 ans, un individu doit explorer toutes les pistes et voies possibles. Je ne peux pas comprendre qu’un jeune de 25 ans se complaise dans un emploi fixe avec une trajectoire bien définie.
Il faut constamment rechercher, expérimenter, quitter sa zone de confort et accepter d’être challengé de nos jours ! Tout ce que vous réalisez en termes d’activité, ou de métier etc. vous permet d’élargir votre paramétrage et d’avoir une vision plus importante pour appréhender la réalité, quelle qu’elle soit.
Je cite souvent Friedrich August von Hayek, prix Nobel d’économie en 1974, qui a dit : « Est un bien mauvais économiste, celui qui ne serait qu’économiste ». D’ailleurs, les derniers prix Nobel d’économie ont souvent des connaissances en psychologie ou en philosophie, en travaillant sur les comportements humains. Quoi que vous fassiez, c’est important ! Malheureusement, on est dans un pays où culturellement, la mobilité est souvent perçue comme étant de l’instabilité !
La première chose que vous faites lorsque vous vous réveillez ?
La première chose que je fais, c’est de regarder ce que je vais faire durant la journée. On est dans une activité où l’organisation de l’agenda est très importante. Ensuite, quand je prends mon petit-déjeuner, j’ai souvent un livre «sérieux» à côté de moi, afin de pouvoir éventuellement prendre des notes, les classer etc.
Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
Le soir car il s’agit d’une période durant laquelle on décroche et on enlève son déguisement. Pour moi, être en costume-cravate à longueur de journée, c’est jouer un rôle.
Quel smartphone utilisez-vous actuellement ? Pourquoi avoir choisi cette marque en particulier ?
J’utilise un iPhone. En tant qu’instrument de travail, je l’utilise d’une manière optimale. J’estime que je suis en quelque sorte piégé, car depuis que j’ai eu cette marque de smartphone, je n’ai pu changer pour d’autres marques, pour des raisons de transfert de données et d’environnement qui est trop «captif» et contraignant à mon goût.
Un livre qui vous a marqué ? Pourquoi ?
Il existe un livre qui m’a particulièrement bouleversé, que j’ai lu il y a très longtemps : « Tu enfanteras dans la souffrance » de Morton Thompson. Ayant pour titre une référence biblique, ce livre parle de l’histoire d’un savant méconnu dénommé Samuel Wels. Il s’agit d’un médecin autrichien d’origine hongroise qui a été l’un des premiers à préconiser les gestes de stérilisation lors des accouchements. À l’époque, il n’avait pas été compris et avait fini sa vie dans un asile de fou. J’ai été marqué par cette histoire de l’incompréhension quand on est en avance sur son temps qui peut aller à porter atteinte à l’intégrité physique et mentale de la personne qui est censée rendre un service à l’humanité. On retrouve d’ailleurs sa statue dans l’un des parcs de Vienne.
Quel est votre film préféré ? Pourquoi ?
J’ai découvert très tôt le domaine du cinéma car j’étais membre du ciné-club dans ma ville. À cette époque, j’avais commencé à animer des sessions à l’âge de 16 ans. Je me rappelle que tous les autres membres étaient plus âgés que moi. Ils ne voulaient pas présenter les films et ils m’ont poussé pour que je le fasse. La première fois, j’étais complètement tétanisé dans la mesure où je devais improviser, meubler des discussions etc.
Pour ma part, j’aime bien le cinéma américain de l’époque du noir et blanc. Je trouve qu’il est indémodable. Le cinéma italien m’attire beaucoup pour son côté impertinent et son côté social, initié après la seconde guerre mondiale.
J’ai également un faible pour le cinéma égyptien des années 40, qui de mon point de vue, est une période qui a produit les meilleurs films arabes de l’époque et les meilleurs réalisateurs, couronné par Youssef Chahine.
Je me rappelle d’un film américain qui m’avait bouleversé. Il est intitulé «Johnny s’en va en guerre» (Johnny Got His Gun) datant du début des années 70. Ce film est, selon moi, la meilleure œuvre qui ait été produite contre la guerre. Ce long métrage parle d’un soldat qui a sauté sur une mine et qui a perdu tous ses membres et n’arrive plus à parler. C’est le plus antimilitariste et minimaliste des films sans qu’il y ait un seul coup de feu de tiré, mais avec une charge émotionnelle qui vous fait réfléchir profondément sur l’inanité de la guerre.
Êtes-vous sportif ? Sinon, parlez-nous de vos loisirs préférés.
Issu d’une famille de sportifs, j’ai fait du Handball depuis mon plus jeune âge. D’ailleurs, mon frère aîné était international de Handball avant de devenir entraîneur. Je crois en les vertus du sport, notamment la notion de groupe et la solidarité dans une équipe. Cela vous donne une idée de votre capacité à vous dépasser, de l’échec et de sa valeur pédagogique pour mieux avancer dans la vie.
Quel est votre péché mignon ?
Dès que je visite une capitale européenne, je ne peux m’empêcher d’aller dans un Mac Do pour m’offrir un BigMac et un Cheeseburger avec portion moyenne de frites.
Quel est votre plat préféré ?
Je suis plutôt poisson, donc je dirais plutôt un loup ou une bonne sole meunière !
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs pour améliorer leur concentration ?
Je vais vous surprendre ! Pour améliorer la concentration, il existe un certain nombre de jeux de société comme les mots croisés ou le Sudoku. Ils sont extrêmement importants pour la concentration et pour l’entretien de la mémoire. Il y a plusieurs jeux de logique que je conseille vivement pour faire travailler les méninges et aider à la concentrer. C’est vraiment important. D’autant plus que les études confirment que c’est un bon exercice pour entretenir la mémoire et retarder le vieillissement !