Un modèle qui a déjà donné ses fruits dans d’autres pays tels que le Canada. Les micro-fermes ont autant d’atout pour conquérir le monde.
Les systèmes agricoles de petite taille représentent une alternative viable aux modes industrialisés basés sur une mécanisation intensive et un recours systématique aux produits chimiques.
Les micro-fermes sont un modèle d’exploitation agricole inspiré des principes de la permaculture : absence de mécanisation, respect de la diversité des cultures et non-utilisation des intrants chimiques.
C’est dire que des petites surfaces (parfois d’une superficie de moins d’un hectare) exploitées manuellement permettraient d’avoir des produits biologiques, pas coûteux et de bonne qualité. La production est directement distribuée aux consommateurs locaux à des prix raisonnables contribuant ainsi à l’amélioration du pouvoir d’achat (pas d’intermédiaires).
Ce modèle agricole a fait ses preuves dans plusieurs pays comme le Canada (Québec) où son adoption répondait non seulement à des préoccupations environnementales mais contribuait aussi à la création d’emplois durables et à la stimulation des dynamiques économiques locales.
En Tunisie, sachant fort bien tous les problèmes structurels dont souffre l’agriculture, invectivés par des spécialistes nationaux et internationaux, tout le monde s’accorde sur le fait que la politique agricole basée sur l’exploitation de grandes cultures et une production de masse orientée vers l’exportation, est la principale cause de la défaillance du secteur agricole actuel et de ses conséquences dévastatrices sur les ressources naturelles et en particulier celles liées à la surexploitation de l’eau.
Sans revenir sur les bilans et les chiffres, et en se limitant à l’observation du paysage actuel, nous constatons que le secteur agricole en Tunisie est en manque d’imagination. En effet, la politique agricole adoptée depuis des décennies a fait émerger deux types d’agriculteurs.
D’une part, les grands agriculteurs (propriétaires ou locataires) qui produisent à grande échelle grâce à une industrialisation massive. En profitant de la générosité des banques et des privilèges et subventions de l’État, ils ont pu mettre la main sur le secteur (production et distribution).
D’autre part, les petits agriculteurs, qui exploitent de petits terrains, souvent hérités de leurs parents, avec des moyens très limités. En raison, entre autres, de la situation foncière et juridique de leurs terrains, les petits agriculteurs se trouvaient exclus des possibilités de financements nécessaires pour le développement de leurs activités.
En privilégiant les grandes cultures, nous avons détruit les petits agriculteurs et nous avons accéléré leur appauvrissement. Laissés à la marge des politiques de développement, une grande partie d’eux a dû abandonner les terres pour s’installer dans les zones urbaines à la recherche d’autres sources de revenus.
Un modèle innovant : les micro-fermes comme une alternative
L’attribution de petites surfaces aux demandeurs d’emplois (location à long terme) pour réaliser des projets agricoles à petite échelle dans le cadre de coopératives agricoles innovantes et responsables contribuerait non seulement à l’absorption du chômage mais aussi au relancement d’un secteur agricole sinistré. Les micro-fermes sont souvent des coopératives regroupant des individus non issus du milieu agricole (novice) et appartenant à des milieux sociaux divers mais qui partagent les mêmes valeurs.
Les micro-fermes ne requièrent pas de capitaux financiers car leur mode d’exploitation ne nécessite pas des machines ou des équipements mécaniques. Ce qui représente un avantage important pour les micro-fermes en particulier en ce qui concerne l’absence de dépenses liées au carburant (une des dépenses les plus importantes dans l’agriculture). L’exploitation repose uniquement sur l’effort collectif des membres collaborateurs. Ce sont eux-mêmes les ouvriers, les propriétaires et les distributeurs.
Pour une optimisation des ressources en particulier l’eau, il serait possible d’introduire des technologies d’irrigation intelligente et des systèmes de gestion d’eau. Ces systèmes fournissent en temps réel des informations données sur l’état du sol, les niveaux d’humidité, la température, etc. Ces informations sont analysées par un logiciel de gestion d’irrigation qui déclenchera automatiquement les quantités d’eau nécessaires, la durée d’irrigation et le timing.
Le modèle des micro-fermes exige une équipe cohérente et engagée autour de valeurs communes. L’ancrage social est la clé du succès. Les coopératives sont fondées sur les valeurs de solidarité, d’équité et d’altruisme.
L’entraide entre membres, le bénévolat et la volonté de créer de la valeur pour tous sont des capitaux indispensables.
En offrant des produits “bio” distribués directement par les producteurs aux consommateurs locaux, on créera un tissu social et solidaire qui en retour bonifierait la coopérative (cycle de valeurs).