Toutes les spécialités ne se ressemblent pas. Alors que la demande est forte sur les diplômés de certaines, elle est plus faible, voire inexistante pour bien d’autres. L’orientation universitaire devient ainsi un moment crucial pour tout bachelier, du fait que le choix aura un impact considérable sur son avenir. Ces futurs étudiants ont intérêt à bien choisir, mais ce n’est pas toujours facile.
En l’absence de données officielles sur l’employabilité de chaque spécialité, les bacheliers et leurs familles se trouvent dans l’obligation de choisir au hasard et à l’aveuglette ― exception faite de quelques spécialités convoitées.
C’est dans ce contexte que l’IACE a rendu aujourd’hui public son guide d’orientation universitaire. Contrairement à ce que propose le ministère de l’Enseignement supérieur, le guide l’IACE donne une importance majeure à l’employabilité de chaque spécialité. En effet, l’étude associe à chacune des filières un délai d’attente moyen avant de décrocher le premier emploi. Pour faciliter encore plus la tâche, les auteurs de l’étude ont attribué à chaque spécialité une couleur allant du vert (délai d’attente de moins de 6 mois) au rouge foncé (délai d’attente de plus de 48 mois).
Majdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE a expliqué lors d’une conférence de presse que ces résultats sont le fruit d’une étude qui a touché un échantillon de 10 mille diplômés entre 2008 et 2018. “Si nous nous trouvons obligés de faire ce travail, c’est parce que les autorités publiques ne disposent pas de données fiables qui nous permettent d’analyser convenablement le marché de l’emploi en Tunisie”, a-t-il ajouté.
Université/marché d’emploi: la rupture quasi totale
De l’aveu même de Majdi Hassen, l’enquête est loin d’être exhaustive, mais a réussi tout de même à couvrir 63% des spécialités enseignées dans les universités tunisiennes, à travers les 24 gouvernorats du pays.
Les résultats de l’étude ne sont pas rassurants, loin de là ! En effet, elle a démontré que, en moyenne, un diplômé de l’université tunisienne doit attendre 2 ans et 5 mois pour décrocher son premier emploi. Pour les diplômés de 55 spécialités enseignées à l’université tunisienne, ce délai peut aller au-delà des 4 ans !
En somme, plus de 65% des spécialités possèdent un délai d’attente moyen supérieur à 2 ans. Même certaines spécialités avec les scores les plus élevés n’échappent pas à ce phénomène. “En moyenne, les étudiants de l’architecture attendent 15.8 mois pour décrocher leur premier poste”, a indiqué le directeur exécutif de l’IACE. Et d’ajouter: “Ceci s’explique par la récession et les difficultés que connaît actuellement le marché de l’immobilier”.
Selon l’enquête de l’IACE, seuls les diplômés de la médecine et de l’université Tunis Business School trouvent un emploi dans moins de 4 mois (3.5 et 3.6 mois respectivement).
L’enquête a également trouvé une corrélation entre le délai d’attente et la capacité des universités; les spécialités ayant des durées importantes d’embauche sont celles qui possèdent les capacités les plus importantes. “Ces spécialités sont des usines à chômeurs”, a indiqué Hassen.