Le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) et la délégation de la Commission européenne de Tunis organisent les jeudi 13 et vendredi 14 septembre 2018 un séminaire à l’Hôtel Mövenpick Gammarth sur le thème « Agriculture & l’ALECA UE Tunisie ». Focus sur l’agriculture, les indications géographiques et le développement durable, dans le cadre des négociations avec l’Union européenne.
Lors de ce séminaire, SYNAGRI se propose de mettre en débat les conséquences de la révision de la Politique agricole commune sur l’ALECA, en abordant l’enjeu de se réorienter vers des cultures méditerranéennes, les produits biologiques et les produits du terroir, pour lesquels la Tunisie dispose d’un avantage comparatif important. Pour les opérateurs, ce changement de braquet au profit des filières et des régions accompagné d’un retour vers les coopératives impacterait positivement la majorité de cultivateurs du pays et particulièrement les petits exploitants.
Mais pour profiter de ces réformes, il faut impérativement dynamiser le secteur privé et maximiser son potentiel à l’export. Il est donc essentiel de bien choisir les stratégies et entamer des réformes qui s’imposent pour stimuler la création d’emplois et l’esprit d’entreprise dans ce secteur.
Ainsi, l’enjeu d’avenir pour la Tunisie est la capacité à mettre sur le marché et à commercialiser des produits agricoles de qualité, gage de compétitivité, de modernisation du secteur agricole et qui lui permettrait de réaliser son potentiel commercial, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation. Pour cela, l’agriculture a besoin d’une ouverture progressive pour améliorer sa compétitivité, mais aussi d’un marché domestique captif, pour se développer à l’abri des turbulences que connaissent les marchés internationaux.
La révision du modèle de développement agricole reste à l’heure actuelle trop coûteuse en ressources et pas assez efficace. De la recherche à la production, en passant par le financement du secteur agricole, l’appui aux producteurs, la structuration des filières, la gestion des ressources et l’organisation des marchés, tout est à revoir en profondeur, dans le cadre d’une nouvelle politique agricole ambitieuse et concertée. Par son principe d’asymétrie, par son aide technique et financière, le processus proposé par les Accords de libre-échange complets et approfondis entre l’Union européenne et la Tunisie (ALECA UE-Tunisie) serait ainsi un moyen pour accompagner ce processus de révision.
Les indications géographiques: un potentiel à exploiter.
La qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques d’un produit peuvent être déterminées par son origine. Les indications géographiques sont des noms de lieux (ou aussi, dans certains pays, des mots associés à un lieu), un signe utilisé sur les produits qui ont une origine géographique précise et possèdent des qualités, une notoriété ou des caractères essentiellement liés à ce lieu d’origine. Elles contribuent directement à la valorisation des produits agricoles au niveau national et international. Facteurs essentiels de développement des filières agricoles, les indications géographiques (IG) sont donc garantes d’un savoir-faire régional et du respect des droits des consommateurs.
Promues et protégées par un cadre juridique spécifique, elles sont une des prérogatives prioritaires défendues par l’Union européenne. D’ailleurs, un des chapitres des accords de libre-échange complets et approfondis entre l’Union européenne et la Tunisie (ALECA UE-Tunisie) prévoit une reconnaissance mutuelle des indications géographiques. Ainsi, la Tunisie gagnerait à favoriser et capitaliser sur les IG comme autant d’accélérateurs commerciaux et les retombées économiques des produits nationaux ainsi désignés profiteraient directement à de nombreuses régions du pays. Ce séminaire sera donc l’occasion d’entamer une réflexion collective sur l’importance de valoriser la production de qualité en Tunisie dans le cadre de la promotion des échanges harmonieux de produits agricoles et de denrées alimentaires originaires du territoire de l’UE et de la Tunisie.
Quid de la question du développement durable ?
Un chapitre à part entière consacré au commerce et au développement durable (CDD/TSD) a été incorporé dans la proposition pour un accord de libre-échange complet et approfondi de l’UE avec la Tunisie (ALECA UE-Tunisie). Via ce chapitre, l’UE propose à la Tunisie d’aborder les questions de DD pertinentes pour le commerce, tout en respectant les spécificités de chacun. La vision étant que les deux partenaires s’engagent à ancrer les engagements de l’ALECA en matière de développement durable dans le cadre d’un consensus international.
Selon la proposition de l’UE, chaque partenaire conserve le droit de réglementer en fonction de ses propres priorités en matière de DD, conformément aux normes et accords internationaux, et de renforcer ses lois et politiques en conséquence. La proposition prévoit également des obligations en matière de gouvernance et accords multilatéraux sur le travail et l’environnement ainsi que d’autres propositions portant notamment sur certaines pratiques commerciales et d’investissement visant à renforcer les objectifs de développement durable, la mise en place d’un cadre institutionnel pour la mise en œuvre de l’accord avec une participation forte de la société civile et un mécanisme officiel visant à régler les différends. Ce séminaire sur le développement durable propose donc d’échanger sur les différents articles de ce chapitre.
Une débat qui s’annonce prometteur !
Un parterre d’experts, de représentants la Commission européenne, des organisations syndicales, du secteur public et privé ainsi que de la société civile, prendront part au séminaire.
Un panel sera consacré à chaque thématique: Agriculture, Indications géographique et Développement durable, et auquel participeront d’éminents intervenants, dont nous citerons: Catherine Combette et Cyrille Laplacette, de la direction générale de l’agriculture (DG AGRI), à la Commission européenne, Karim Daoud, président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI), Naoufel Haddad, de la direction de l’Agence de la vulgarisation et de la formation agricole (AVFA); secrétaire général de Tunisian Society for Sustainable Fisheries, président de Tunisie Coop, Mohamed Elloumi, agro-économiste et expert à l’Institut national de la recherche agronomique de Tunisie (INRAT), Salah Lammouchi, président de l’Association pour la promotion de l‘agriculture durable (APAD), Sarah Gondy, de la direction générale du commerce (DG TRADE), à la Commission européenne, et bien d’autres.