Vivons-nous en démocratie ? Sommes-nous devenus plus libres ? Les Tunisiens, dans leur ensemble, ont-ils confiance en leur gouvernement et en leurs institutions ? C’est précisément ces questions qu’a posées, via une enquête, l’institut de sondage One to One for Research and Polling. Les résultats ont été présentés, le 3 août 2018 lors d’une rencontre à Tunis.
Les résultats de ce sondage ont fait l’objet d’un débat animé par un ensemble d’experts. Notons d’abord que cette étude a été réalisée dans le cadre du programme Afrobaromètre, un projet de recherche panafricain indépendant et non partisan. Sa mission est de mesurer les attitudes des citoyens vis-à-vis de la démocratie, de la gouvernance, de l’économie, de la société civile, entre autres.
Des statistiques qui laissent à désirer
Intrigants! C’est ainsi que les résultats ont été perçus par certains panélistes. Car, à en croire les résultats de ce baromètre, la part de ceux qui nient que le pays est une démocratie a doublé depuis 2015, passant de 14% à 29%. Pis encore, de moins en moins de citoyens semblent soutenir la démocratie : ils sont seulement 46% à le faire, contre 71% en 2013.
La moitié des Tunisiens ne sont «pas très satisfaits» ou «pas du tout satisfaits» du fonctionnement de la démocratie dans leur pays. Il est cependant nécessaire de savoir que plus de la moitié, (57%) s’est dite «pas du tout intéressée» ou «pas très intéressée» par les récentes élections municipales. Pis encore, 84% des interrogés prétendent n’avoir aucune idée sur les candidats aux élections municipales.
Moins surprenant, les résultats révèlent également que les Tunisiens voient sombre dans la situation économique du pays. Ceci explique l’évaluation pas très positive des efforts du gouvernement pour la résolution des trois problèmes les plus importants du pays qui sont, d’après les sondés, la gouvernance, le chômage et la corruption.
Une grande majorité, soit 72% des personnes sondées, perçoit la situation économique du pays comme “assez mauvaise” ou “très mauvaise”. Encore plus, huit Tunisiens sur dix (79%) affirment que le pays se dirige “vers la mauvaise direction” au regard de la conjoncture économique. Ceci marque une nette hausse par rapport aux 67% enregistrés en 2013.
Les politiques n’intéressent plus!
Les chiffres témoignent d’une indifférence de la jeune population quant à la vie politique en Tunisie que les intervenants ont liée à la performance et à la situation économique du pays.
Selon Youssef Meddeb, directeur général de One to One, “le quotidien du Tunisien n’est pas rassurant, d’où l’insatisfaction des citoyens et le mépris vis-à-vis de la vie politique”.
Dans la même lignée, Rafik Halouani a affirmé que ces statistiques illustrent “la perte de confiance des citoyens en leur régime et surtout en leur gouvernement!”.
Mais tout n’est pas perdu ! Sonia Mbarek, ancienne ministre et chercheur en sciences politiques, a pu saisir le bon grain de l’ivraie et a clôturé les travaux sur une note positive : “Ces statistiques s’expliquent par la sensibilité et la fragilité de la phase transitoire que traverse le pays. La situation a quand même changé surtout avec la rupture avec le régime dictatorial, soyons patients!”.