De nos jours, la migration est un phénomène d’une brûlante actualité. Le nombre de migrants qui tentent l’aventure internationale est de 258 millions de personnes, selon les derniers chiffres de l’ONU. Les raisons diffèrent évidemment d’un pays à un autre : études, travail, raisons sanitaires… En s’installant dans leur pays d’accueil, ils acquièrent de nouvelles compétences et de nouveaux savoir-faire. Ces émigrés une fois installés dans le pays d’accueil, rapatrient une partie de leurs rémunérations vers leurs pays d’origine.
Ces transferts financiers ont été reconnus comme étant la locomotive de développement associée à la migration. Ces derniers ont régulièrement augmenté en volume entre les années 1990 et aujourd’hui. En 2017, l’ONU avait estimé ces transferts extérieurs à hauteur d’environ 466 milliards de dollars au profit de familles de pays en développement. Il est démontré que les fonds envoyés de l’étranger sont plus stables que les flux de dettes privées et de capitaux propres, et nettement plus importants que l’aide internationale au développement.
Une réflexion judicieuse doit être élaborée quant à l’impact microéconomique de ces flux privés sur les familles. Selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), environ 800 millions de personnes dans le monde sont directement soutenues par les transferts de fonds de leurs proches à l’étranger. Ces sommes représentent pour ces familles une ressource dédiée le plus souvent à l’alimentation, la santé, le logement ou encore l’éducation…
Ressources à développer
Il s’agit d’essayer de tirer parti du développement des transferts extérieurs de fonds financiers et sociaux. La somme évoquée, rappelons-le, est de 466 milliards de dollars. Somme qui est profitable, si et seulement si elle est allouée et répartie conformément aux Objectifs du développement durable (ODD).
D’une part, les gouvernements doivent créer un environnement propice pour encourager les transferts de fonds vers les secteurs productifs de l’économie. Les autorités peuvent créer des environnements stables qui encouragent l’engagement financier et social des émigrés avec leurs pays d’origine grâce à des incitations et des politiques telles que des allègements fiscaux, des produits financiers ainsi que des produits d’épargne.
D’autre part, le coût élevé des transferts financiers étrangers doit être réduit. Des progrès ont été réalisés dans certaines parties du globe, où le coût des transferts de fonds a chuté à moins de 3% en Europe de l’Est ainsi qu’en Asie centrale, selon le World Economic Forum (WEF). Cependant, de nombreuses régions du monde sont grevées de coûts élevés pour le transfert des fonds financiers qui ont pour effet de les réduire.
Transparence du marché
Il existe plus de 3 000 fournisseurs de services de transfert de fonds dans le monde, selon le FIDA, et le passage de l’utilisation des banques à ces opérateurs de transfert de fonds moins coûteux a eu un effet multiplicateur des opérations de transferts internationaux. Les nouvelles plateformes telles que les services de transfert en ligne, les portefeuilles numériques et les applications d’argent mobile, combinées aux nouvelles technologies telles que les crypto monnaies, ont créé une concurrence et une transparence accrues sur le marché des transferts de fonds.
Néanmoins, ces transferts sont souvent remis en cause par des réglementations restrictives, qui constituent des entraves à la mobilité des transferts. Les visas à multiples entrées, les titres de séjour permettant un séjour prolongé à l’étranger, et les cartes d’identité des émigrés se sont avérés efficaces pour faciliter les déplacements entre pays, facilitant par ricochet les transferts financiers extérieurs.
L’accès à des services financiers à des prix raisonnables est une nécessité pour les migrants dans leur nouveau pays de résidence et pour leurs familles restées au pays d’origine. Cela permettra aux migrants de faire des choix éclairés sur les moyens les moins chers et les plus sûrs d’envoyer de l’argent chez eux. Cela renforcera à son tour les systèmes financiers des pays d’origine et de résidence, selon la WEF.
Concentrons-nous un instant pour reconnaître l’énorme contribution des migrants à l’économie de la mère patrie tant dans leurs transferts extérieurs sur un plan macroéconomique, mais surtout à un niveau microéconomique, à savoir aux familles individuelles. Tous les moyens doivent être mobilisés afin que la migration puisse jouer un rôle essentiel en tant que pierre angulaire du développement durable, comme inscrit sur l’agenda 2030 de l’ONU… A méditer.