Mohamed Moula, fondateur de Digiartwork
Il est jeune, il est ambitieux et, surtout, il est passionné. À 28 ans, Mohamed Moula est le fondateur et CEO de Digiartwork, une startup spécialisée dans le développement des jeux vidéo et des animations 3D. Coup de projecteur.
Alors qu’il passait la majorité de son temps dans son bureau à Apple, Steve Jobs avait l’habitude de consacrer un jour par semaine à Pixar. Moins connu que son rôle à la firme à la Pomme, Jobs était aussi le CEO du studio d’animation peu connu, du moins à l’époque.
Grâce à des longs métrages comme Toy Story, Finding Nemo, Ratatouille et bien d’autres, la petite firme californienne a transformé les films d’animation d’une discipline à la périphérie du cinéma en une industrie valorisée à des milliards de dollars.
En Tunisie, en revanche, l’art de l’animation ne brille pas encore … Mohamed Moula, fondateur de la startup Digiartwork se donne l’ambition de changer la donne. Passionné par l’informatique et par le gaming depuis son tout jeune âge, Moula a toujours rêvé de développer son propre jeu vidéo au point qu’il a choisi de faire du gaming sa spécialité à l’Institut supérieur des arts numériques.
Bien que la formation académique lui ait permis d’acquérir les compétences de base, Mohamed n’était pas satisfait et voulait développer davantage ses compétences. Pour ce faire, le jeune homme a décidé de partir de l’autre côté de l’océan Atlantique, au Brésil pour un stage dans une startup spécialisée dans l’animation 3D, … “J’ai toujours rêvé de partir au Brésil. C’est un pays qui m’a toujours fasciné”, a commenté Moula.
Six mois durant, le jeune Tunisien a pu approfondir ses compétences en travaillant sur de grands projets pour le compte de plusieurs multinationales. En plus, “l’ambiance au bureau était magnifique !”, se rappelle-t-il.
De retour à Tunis, et après avoir décroché son diplôme en tant que major de promotion, Mohamed Moula a décidé que le moment était venu pour réaliser son rêve: lancer un studio de jeux vidéo. Après une première tentative infructueuse, le jeune entrepreneur a enfin réussi à avoir un prêt de 25 mille dinars de la BTS pour lancer son projet.
“À ma surprise, j’ai pu avoir mon prêt en moins d’un mois”, a-t-il annoncé.
Aussitôt l’entreprise créée, le jeune entrepreneur s’est mis à la besogne développant, avec une équipe de trois jeunes développeurs, plus de 35 jeux pour smartphones. Moula a tout de suite réalisé que développer un produit de qualité ne suffisait pas pour réussir. “Il est difficile pour une entreprise tunisienne de monétiser ses applications sur les apps stores”, a-t-il déploré.
Pour acheter ces jeux sur les boutiques en ligne de Google et d’Apple, il faut impérativement payer en devise, ce qui a compliqué la tâche pour notre entrepreneur. De plus, se déployer sur les marchés internationaux requiert un budget de marketing qui dépasse de loin les capacités d’une jeune entreprise, a expliqué Moula.
N’étant pas prêt à renoncer à son rêve, l’entrepreneur a eu l’ingénieuse idée de développer un nouveau business model plus adapté au marché tunisien, et marki.tn a pu ainsi voir le jour. Il s’agit d’un jeu en ligne où les gamers peuvent acheter des “vies” à l’aide de SMS surtaxés. Jackpot !
Fort de ce premier succès, Mohamed Moula a pu séduire Réseau Entreprendre et UGFS à investir dans sa startup à hauteur de 145 mille dinars. Mohamed s’est vite rendu à l’évidence que, pour survivre, son entreprise doit élargir sa gamme de produits.
S’appuyant sur son expérience brésilienne, le jeune entrepreneur a réussi à développer une nouvelle activité : les films d’animation promotionnels. “Cette activité nous permet d’assurer la viabilité du projet et de présenter au monde la qualité de notre travail”, a déclaré Moula. Digiartwork a pu ainsi développer un large portfolio de clients.
Le jeune entrepreneur ne compte cependant pas se limiter à cette activité et souhaite aller encore plus loin : produire ses propres séries et films d’animation. Malgré les nombreuses tentatives qu’il a faites auprès de chaînes de télé tunisiennes, Mohamed n’a toujours pas réussi à convaincre les décideurs. “Nous n’y renonçons pas !”, rassure Moula.