Elle ne s’y était pas trompée ! L’alchimie était assurée lorsque Emna Ben Mustapha a découvert à la faculté des Sciences sa pierre philosophale : la spiruline ! Son sixième sens lui disait que son destin était lié à cette algue aux mille et une vertus.
Aujourd’hui à 28 ans, Emna s’attelle — dans son exploitation à Rtiba aménagée en ferme aquacole aux environs de Nabeul — à la préparation de gélules, de poudre ou de paillettes de spiruline. Cette algue réputée pour ses bienfaits antioxydants, nutritionnels et purifiants n’a plus de secrets pour elle. Emna n’est pas passée à côté de l’opportunité et a su surfer sur la vague des produits bio et healthy.
Elle en a fait son domaine de compétence. Une fois son diplôme en poche, Emna, encouragée par son mari Bilel, a sauté le pas de l’entrepreneuriat. Ils ont gravi ensemble tous les échelons, de la faculté des Sciences à la création d’ « AquaSpir ». Le programme Souk At-tanmia dédié aux jeunes entrepreneurs a retenu leur attention. Ils se sont pliés à l’exercice et ont été sélectionnés parmi les lauréats. Ensemble, ils ont écumé les villes, suivi des formations pour approfondir leurs connaissances et mettre à profit ce qui leur a été transmis par les mentors du Partenariat Souk At-tanmia.
Ayant réussi à intéresser la Banque africaine de développement, le projet Aquaspir a intégré le programme AgriPitch 2017, une initiative clé de la stratégie « Nourrir l’Afrique » destinée à soutenir les jeunes agri-preneurs et à promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat en Afrique. À travers ce programme, Emna a eu l’opportunité de suivre des formations au Nigeria et en Corée du Sud et de participer à des forums pour les jeunes Africains dans l’entrepreneuriat agricole en Côte d’Ivoire et en Egypte. Cela lui a permis d’exporter ses produits vers de nouveaux horizons, via des petites foires, et de créer des collaborations avec d’autres « Agri-preneurs » africains.
Pour leur stratégie commerciale, ils n’y vont pas de main morte et s’attaquent d’emblée aux marchés internationaux, commençant par la France avant de pouvoir accéder à un marché virtuel grâce à l’appui de Souk At-Tanmia. Notoriété gagnée, ce concentré de bienfaits pénètre ensuite le marché local.
A présent, AquaSpir est dotée de 12 bassins de culture de 30 m² chacun. Afin de préserver la qualité de ses produits, la jeune entrepreneure a installé des panneaux photovoltaïques et ne fait usage que de l’eau de puits. Ses produits, qui étaient au début vendus à travers des distributeurs, sont aujourd’hui commercialisés sous leur propre marque AquaSpir dans les parapharmacies et les phyto-shops.
Les ambitions de Emna et Bilel ne sont pas des moindres. Conscients du fort potentiel de leur produit, ils comptent augmenter leur échelle de production et embaucher six collaborateurs. La diversification est également de mise, une synergie a été créée avec Naoufel Dridi, un autre lauréat de Souk At-Tanmia, œuvrant dans l’apiculture pour développer un produit, mélange de miel, de pollen et de spiruline. Emna nous livre ses clés de réussite.
Qu’il s’agisse d’entrepreneuriat en général ou dans son domaine de prédilection, elle vante les bienfaits des formations pour enrichir ses connaissances, notamment en gestion. Elle ne saurait trop recommander d’être maître de son plan d’affaires, de le concevoir soi-même et de ne pas totalement le déléguer aux institutions car nul ne peut connaître vos attentes et objectifs mieux que vous-mêmes.
Pour cette jeune entrepreneure au potentiel de croissance prodigieux, flexibilité, patience et dévouement sont de rigueur. “Il faut bercer son projet comme son bébé,” déclare-t-elle. La persévérance et l’abnégation sont sa seule doctrine. Elle ne lésine sur aucun effort, elle frappe à toutes les portes ! Persuadée que la chance qui la propulsera au sommet se cache derrière l’une d’entre elles !