Tarek Messadi, CEO d’Advyteam
Les Ressources Humaines 3.0, voilà un concept qui fait une entrée fracassante sur le marché du conseil et du développement RH. Un concept disposé par le savoir-faire du groupe Advyteam implanté en France, Tunisie et Maroc. Tarek Messadi, CEO et cofondateur d’Advyteam Tunisie nous livre les secrets de fabrique d’un nouveau concept basé essentiellement sur l’utilisation de la technologie. Une activité qui vient de déclencher tout récemment une levée de fonds de 2 millions d’euros.
Comment l’idée de vous lancer dans le domaine des RH 3.0 vous est-elle venue ?
En 2015, nous avons eu la première réflexion. Nous avons emmagasiné l’expérience de nos métiers de conseils et nous avons un retour très précis de la part de nos clients concernant les besoins, les problématiques, sur les fonctionnalités d’un système d’information RH idéale, etc. Nous avons, par la suite, essayé d’imaginer un concept qui leur corresponde et qui, surtout, réponde à tous leurs besoins en la matière.
Tout est finalement parti de cette vision de cabinet de conseil et nous nous sommes dit : « Nous allons commencer à travailler sur un prototype ». Nous nous sommes lancés avec des fonds propres, nous étions deux à trois personnes et à fin 2015, nous étions une dizaine de personnes.
Puis, en 2016, nous nous sommes engagés pour lever des fonds. Toutefois, nous n’avons pas attendu l’opération de levée de fonds, nous avons achevé notre plan de croissance, et nous avons aujourd’hui, en Tunisie, une quarantaine de personnes rien que dans le service Recherche et Développement. Ainsi, avons-nous lourdement investi en attendant la levée des fonds de deux millions d’euros.
Parlez-nous de la levée des fonds et de cette aventure à risque dans le domaine des RH
Il s’agit d’un fonds co-localisé franco-tunisien qui a été créé, dans le cadre du développement du groupe à l’international, par BPI France et la Caisse des Dépôts en Tunisie. Aussi, y a-t-il deux gestionnaires de fonds, à savoir un français : Syparex et Africa invest.
Quand on a envisagé une levée de fonds au début, on s’est dit : « Nous sommes présents en France, au Maroc et en Tunisie, et nous avons décidé de nous adresser aux trois. Nous avons commencé par la Tunisie, et hélas nous avons été déçus. En effet, nous avons consulté des SICARS de grandes banques et ils nous ont dit : certes, votre projet a l’air intéressent, mais il est globalement relatif au domaine de la technologie. Revenez nous voir lorsque votre projet aura une dimension industrielle.
Ce qui nous a le plus déçu, c’est qu’en Tunisie, on évoque la promotion de l’emploi des jeunes dans un cadre très limité, sachant qu’aujourd’hui, il nous est possible de faire du pays un hub technologique sans engager de gros investissements.
Comment les choses ont-elles évolué par la suite ?
Le processus a duré une année et globalement, nous sommes en raccord sur la stratégie et surtout sur la vision portée sur les cinq prochaines années.
Quelle est justement cette vision ?
Nous sommes globalement un acteur spécialisé dans le domaine des ressources humaines. De ce fait, nous avons une branche consulting pur métier renfermant tout ce qui se rapporte aux supports, transformation des organisations, optimisation du process, mise en place des politiques de rémunération, gestion des compétences et talents, etc.
En ce qui concerne la nouveauté que nous apportons, elle est relative au digital RH qui représente, également, l’avenir du domaine. Aussi, avons-nous une seconde branche qui est orientée système d’information RH en plus de l’informatique. Cette activité se base sur le conseil mais aussi sur une nouvelle opération, à savoir l’innovation dans les RH, soit une solution RH technologique, fonctionnelle et même culturelle.
Ainsi, la vision est basée de façon générale sur l’activité Ressources Humaines 3.0. Ceci est à même de démontrer qu’il y a eu des étapes intermédiaires entre la 1.0 et la 3.0. Aujourd’hui, cette vision est la résultante d’un besoin émanant des dirigeants d’entreprise à améliorer l’engagement des collaborateurs.
Justement, quel est votre projet ?
Notre projet est global et renferme une grande composante technologique. L’idée pour nous est de fournir une offre globale packagée comprenant du conseil RH 3.0 en mettant en avant les nouvelles pratiques RH favorisant l’engagement des collaborateurs.
Nous avons présenté notre projet à travers des prototypes, et nous avons aussi des clients en Tunisie et au Maroc. La levée de fonds vient donc financer la stratégie de groupe et la fonction RH. Il faut savoir que la solution qui est l’édition de nouveaux logiciels requiert la grande part de la levée de fonds mais il y a également un budget consacré à la solution conseil ainsi que de la formation puisque nous avons une académie de formation Executive HR Academy très innovatrice.
Est-ce que vous avez l’ambition de conquérir le marché Afrique ?
Oui, clairement ! Je dirais même qu’il s’agit de l’un des points d’adhérence à AfricInvest qui ont une dizaine de bureaux en Afrique. L’ouverture à l’international est un point focal pour nous. D’ailleurs le fait que le fonds soit co-localisé et que nous ayons deux co-gestionnaires à Afric Invest représente pour nous une configuration très optimale.
Quelle est votre priorité au regard de cette configuration justement? Ne craignez-vous pas de vous disperser parmi les différents sites et produits ?
C’est en effet le risque pour nous. Mais notre ambition est grande et nous pensons que si nous avons les bons profils en France, au Maroc, et en Tunisie, cela devient tout à fait possible.
Avez-vous des clients tunisiens ?
Nous traitons déjà avec la STEG, Poulina, Land’Or, One Tech, … Et cela est à même de constituer pour nous une ouverture sur les différents problèmes constatés en matière de RH. Les entreprises se plaignent du manque d’engagement. Cependant, je dois attirer l’attention sur le fait que face à une certaine résistance au changement, il n’est pas évident de mettre en marche les mécanismes du concept des RH 3.0.
A ce titre, il est essentiel de mettre en place une campagne de sensibilisation par rapport à l’importance de cette vision. Pour ce faire, nous prenons part à un certain nombre d’événements à but non lucratif. Il faut également prendre conscience que ce type de changement, une fois opéré, apportera un changement sur le plan macroscopique et bénéficiera à tout le pays. D’ailleurs, j’entends souvent les politiques dire que c’est à l’Etat que revient le rôle de tout changer et d’améliorer, mais je ne suis pas d’accord avec leur point de vue.
En effet, si l’entreprise met en œuvre les changements nécessaires à son niveau microscopique, il sera possible, par la suite, de les généraliser et les étendre à un niveau national. Je pense que chacun d’entre nous est capable d’apporter sa pierre à l’édifice à sa manière, avec ses moyens et depuis son emplacement.