Jean-Luc Revéreault, chef de la représentation de la Banque européenne d’investissement en Tunisie, a présenté aujourd’hui 16 mai 2024, lors de la première édition des «Rencontres du financement», organisée par la Ccitf et la CDC, les différents mécanismes de financement de la BEI.
Dans un premier temps, Révéreault explique que, bien que cette banque soit reconnue pour son soutien financier au secteur public, elle bénéficie également grandement au secteur privé. En effet, la construction de routes et d’établissements scolaires transcende la simple amélioration des infrastructures; elle stimule aussi le secteur privé et l’économie locale en créant des emplois. Il cite l’exemple du programme de rénovation des écoles, qui a généré approximativement 40 000 postes sur une période de 5 ans. Ce programme a impliqué la mobilisation d’architectes, de bureaux d’études et d’entrepreneurs, mettant en lumière l’impact indirect, mais considérable, de l’investissement public sur le secteur privé.
Par ailleurs, il présente les deux catégories de financements de son institution financière pour soutenir les entreprises tunisiennes: les financements intermédiés et les financements directs.
Les premiers concernent principalement les projets de petite taille et s’articulent autour des investissements en capital et quasi-capital via des fonds d’investissement, ainsi que des crédits octroyés par des institutions financières telles que les banques, les sociétés de leasing et les institutions de microfinance.
Pour les projets d’envergure supérieure, le financement direct prend le relais, permettant à la BEI de prêter directement aux entreprises, souvent dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) ou de concessions.
Les financements intermédiés se subdivisent en trois catégories:
- Investissements dans des fonds: ils visent à renforcer les fonds propres et quasi propres des entreprises, une condition sine qua non pour accéder aux financements bancaires.
- Prêts intermédiés: la BEI accorde des crédits à des institutions financières tunisiennes qui, à leur tour, financent des PME. Dans ce schéma, la BEI assume un «risque IF», c’est-à-dire un risque sur l’institution financière plutôt que sur les PME elles-mêmes.
- Garanties: la BEI offre des garanties aux banques tunisiennes pour partager le risque sur certains prêts aux entreprises.
Ces mécanismes ne sont pas exempts de défis. La question de la notation souveraine et du risque de change est préoccupante, car les prêts sont accordés en devises étrangères tandis que les banques prêtent en dinars tunisiens aux PME, engendrant ainsi un risque de change qui doit être mitigé.
Face à ces problématiques, Jean-Luc Revéreault propose une solution: prêter à l’État tunisien qui, à son tour, rétrocède les fonds aux banques. D’ailleurs, il affirme qu’actuellement, des lignes de crédit sont en cours d’établissement, avec un prêt de la BEI de 170 millions d’euros destiné à être rétrocédé à plusieurs banques commerciales. Ces dernières sont encouragées à financer des entreprises de classe 2, reconnues pour leur potentiel de redémarrage et de croissance.
Enfin, une ligne de garantie de 8 millions d’euros est en préparation pour permettre à deux banques tunisiennes, actuellement en phase de sélection, de prêter à des entreprises tunisiennes tout en partageant le risque avec la BEI.