Un rapport intitulé “Comment l’Afrique peut réduire sa dépendance au blé importé” met en lumière la dépendance préoccupante de l’Afrique aux importations massives de blé, révélée de manière aiguë par le conflit russo-ukrainien. Actuellement, le continent dépend à hauteur de près de 60% des approvisionnements extérieurs en blé, faisant de l’Afrique la première zone d’importation mondiale, avec une dépense annuelle moyenne de 11,6 milliards de dollars entre 2018 et 2020.
Pour réduire cette dépendance, le rapport préconise deux options principales. La première implique une augmentation significative de la production locale de blé, nécessitant des investissements massifs pour accroître les rendements et les superficies cultivées. Cependant, ce scénario est considéré comme optimiste en raison des contraintes naturelles et des facteurs structurels, tels que les investissements publics limités dans le secteur.
La seconde option, particulièrement adaptée à l’Afrique subsaharienne, consiste à substituer le blé importé par des farines produites localement à partir de denrées telles que le manioc, le sorgho, le mil, le fonio, le niébé et la banane plantain. Ces produits alimentaires peuvent être mélangés avec de la farine de blé pour former des farines composites utilisées en boulangerie artisanale ou semi-industrielle. Ils présentent l’avantage de coûts moins volatils et d’un profil nutritionnel plus intéressant en termes de protéines, de vitamines, de fer et de fibres.
Malgré ces alternatives, plusieurs défis subsistent. Les gouvernements, en appliquant des taxes faibles sur les importations de blé, montrent une faible volonté de promouvoir l’utilisation de farines locales. De plus, les meuniers et les consommateurs sont souvent réticents à incorporer ces farines dans les mélanges composites destinés à l’industrie. Des conflits d’usage peuvent également survenir, en particulier lorsque la production locale ne satisfait pas les besoins humains, comme dans le cas de la banane plantain. La résistance du lobby des minotiers industriels et les défis techniques liés à la fabrication de farines composites compliquent davantage la mise en œuvre de ces solutions, de même que l’instabilité de l’offre de certains produits de base pouvant être transformés en farines.