Nul ne peut nier l’importance et l’impact économique positif que l’émigration offre à la Tunisie. Soyons clairs dès le début: ces avantages sont-ils au détriment d’autres qu’on est en train de perdre?
Jour après jour, une décennie déjà, les médecins, les infirmiers, les ingénieurs… s’orientent vers l’Europe puisqu’ils y sont plus valorisés et ont également la possibilité de recevoir des salaires 10 fois plus élevés (notamment en Allemagne et en France, selon le rapport de la Banque mondiale, automne 2023). Si on analyse la situation de près, on trouve que notre pays offre ses compétences et ses cerveaux en contrepartie du transfert des fonds des migrants à leurs familles et communautés. En effet, ces envois de fonds ont constitué pour un bon bout de temps le principal flux financier pour notre pays, soit de 6.6% du PIB en 2021-22, et même en période de crise, il était stable.
Bref, de meilleures conditions de vie avec une plus grande capacité d’épargne et d’investissement, quoi demander de plus?
Toutefois, nombreux sont les migrants qui décident de ne jamais revenir au bled, en particulier les personnes hautement qualifiées et il est bon de rappeler également que la population tunisienne vieillit rapidement; du coup, il est temps de changer de stratégie, n’est-ce pas?
En effet, à moyen et long terme, il sera nécessaire d’attirer des migrants en Tunisie. Pourquoi? Tout simplement parce que le taux de fécondité de la Tunisie a chuté de manière significative: de près de 7 enfants par femme en 1960 à seulement 2,06 en 2022, ce qui est considéré en dessous du seuil de remplacement.
Par ailleurs, les perspectives démographiques des Nations unies estiment que la pyramide des âges de la Tunisie ressemblera de plus en plus à celle de l’Italie actuellement, et qu’elle aura besoin d’un afflux de travailleurs.
De plus, la difficulté d’offrir un statut régulier pour les travailleurs migrants en Tunisie les rend plus vulnérables et les empêche de contribuer pleinement à l’économie tunisienne.
Alors que faire? Prendre l’initiative de chercher des solutions pour convaincre et motiver les jeunes à rester en Tunisie? Ou faciliter l’intégration des travailleurs migrants en Tunisie?