Bien que La Poste ait révisé ses tarifs à la hausse quelques semaines auparavant, son attractivité reste intacte. Nous l’avons dit auparavant et nous le répétons: le capital confiance en cette institution est inégalable.
Les derniers chiffres montrent que l’épargne totale auprès des comptes d’épargne postaux (CEP) a totalisé 8,358 milliards de dinars fin février 2023. Sur les deux premiers mois de l’année, c’est une évolution de 111,387 millions de dinars. La moyenne mensuelle est de 55,693 millions de dinars, contre 55,409 millions sur toute l’année 2022. Il y a une certaine stabilité grâce à une base de clientèle stable et qui a une forte culture d’épargne.
A ce rythme, la barre symbolique des 9 milliards de dinars serait dépassée dès mars 2024. Sur la même période, l’ensemble des banques a collecté, en net, 312,349 MTND. La force de frappe de La Poste reste unique.
Mais la question qui se pose: est-ce qu’elle pourra le garder si elle se transforme en une banque? Les autres établissements de crédit sont souvent pointés du doigt, sur les réseaux sociaux, qu’ils font tout pour empêcher une telle transformation.
En réalité, cette attractivité provient de deux facteurs. Le premier est la présence géographique qui s’étend sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, bien que les flux financiers dépendent du nombre d’agences en brique et béton, une bonne partie du réseau actuel est située dans des zones où la demande de crédits serait nulle. La Poste sera soumise aux mêmes réglementations et n’aura aucun avantage compétitif. D’ailleurs, elle risque de pénétrer dans un marché où les risques sont à un pic historique, donc pas au bon moment.
Le second facteur est la tarification qui reste plus clémente que celles des banques. Toutefois, elle ne sera pas suffisante pour rentabiliser l’activité bancaire qui exige des investissements massifs en systèmes d’information.
Le projet de banque postale doit donc être bien évalué avant son lancement. L’Etat dispose de suffisamment de bras financiers pour intervenir dans l’économie. Créer un nouvel établissement de crédit doit avoir des objectifs clairs, qui dépassent la simple augmentation du taux de bancarisation. Avec l’architecture actuelle du système financier tunisien, nous pouvons faire mieux. Il faudra juste ajuster certains paramètres, à commencer par les frais.