Les résultats du 2e Baromètre de la Digitalisation RH mené durant le mois de janvier 2023 ont été débattus lors d’un événement organisé par l’Association des responsables de formation et de gestion humaine dans les entreprises (Arforghe) et Crit Tunisie. Et ce, en présence de Wafa Laamiri, directrice générale de la filiale Crit Tunisie, Mounira Bouzouita, présidente d’Arforghe, et Alexandre Stourbe, directeur général de l’association française Labrh.
La fonction RH est un véritable soutien aux équipes opérationnelles, un référent pour les managers et un atout essentiel pour la direction. L’avènement des outils d’analyse des données et même l’intelligence artificielle donnent plus de motifs pour se mettre au digital.
Perception
Pour la majorité des entreprises tunisiennes, soit 94%, d’après les résultats de l’étude, la digitalisation occupe une place importante. Plus de 50% d’entre elles trouvent même que son impact est majeur sur l’organisation de l’entreprise. Cependant, 63% des répondants estiment que la transformation digitale dans leur entreprise se fait d’une manière lente, voire très lente.
Pour plus de la moitié, soit 59% des répondants, le changement des pratiques et de l’organisation du travail est le premier objectif de la digitalisation RH. Et près du tiers (29%) placent la refonte et la dématérialisation du processus RH comme objectif ultime de la digitalisation.
55% des répondants estiment que la digitalisation RH aura un impact considérable sur l’évolution de l’organisation et les processus dans l’entreprise. Cependant, seuls 27% d’entre eux considèrent que la digitalisation RH est un levier de transformation digitale globale dans l’entreprise.
L’importance de la digitalisation se confirme encore plus avec la perception des répondants par rapport au rôle de l’intelligence artificielle dans les RH, environ 95% d’entre eux l’estiment comme une opportunité et 0% la considère comme une menace.
Usage actuel
Cette étude est parvenue à ce que 81% des dirigeants intègrent des solutions digitales RH dans leurs entreprises et 70% ont recours à un système d’information de gestion des ressources humaines (SIRH). Cependant, 53% seulement des répondants indiquent avoir mis en place une stratégie digitale RH.
La digitalisation RH a d’abord affecté la gestion de la paie et l’admin du personnel; d’ailleurs, le pourcentage de cette fonction est des plus élevé avec un taux de 88%. Pour toucher, en second lieu, les formations avec 45%. Puis le développement RH avec 31%, suivi d’une multiplicité d’aspects du métier tels la gestion de carrière, le recrutement, les congés et absences…
Pour le développement des projets digitaux des entreprises, ce baromètre révèle que 47% des répondants privilégient les ressources internes, notamment la direction IT et le responsable digital contre 16% qui font appel à des prestataires externes.
Un autre chiffre marquant est celui des sondés qui sauvegardent leurs dossiers administratifs sous format numérique qui est au seuil de 5%.
Quant aux principaux supports utilisés pour recruter, les réseaux sociaux et les sites d’emploi sont en tête des outils de recrutement avec respectivement 73 et 59%.
Perspective
D’après les réponses collectées pour l’élaboration de ce baromètre, en 2023, plus de 78% des répondants envisagent d’élaborer une stratégie de digitalisation RH. De même, 77% des répondants envisagent de développer ou de mettre en place des solutions digitales. En conséquence, 54% des répondants envisagent de recruter de nouveaux employés pour les besoins de la digitalisation.
En contrepartie, ce benchmark nous dévoile que la résistance au changement est le frein le plus souvent évoqué par les répondants quant à la digitalisation RH en entreprise avec un pourcentage de 45%.
Pour sa part, Alexandre Stourbe a affirmé que par comparaison avec l’Europe, notamment la France, il y a deux grandes ressemblances dans les deux pays, à savoir le pourcentage de la population RH digitalisée et qui atteint 50% et les freins au changement. Il estime, d’ailleurs, que “les RH ont peur du risque parce qu’ils gèrent le climat social et les difficultés sociales dans l’entreprise”.
Dans sa présentation du “panorama de la RH Tech”, le directeur général du Labrh a évoqué les tendances RH dans le recrutement, l’engagement des collaborateurs, le strategic workforce planning et la qualité de vie au travail.
On vous dévoile quelques exemples discutés: pour le recrutement, il a parlé, par exemple, de l’importance de la personnalisation de l’expérience candidat même lorsqu’il s’agit de réponses défavorables à son égard. Il a évoqué ainsi qu’on peut, dorénavant, faire appel aux jeux vidéo, à l’intelligence artificielle et même au métavers pour faire passer les entretiens.
Quant à l’engagement des salariés, il a attiré l’attention, dans un premier lieu, sur le fait de les considérer comme des collaborateurs et de leur montrer que leur opinion compte.
Ces deux présentations ont été suivies d’un débat très riche avec les professionnels, il y a ceux qui ont présenté des expériences concrètes de leur entreprise ainsi que les résultats qui en découlent. Un point commun entre tous les participants à ce débat est que la digitalisation est désormais inévitable à la survie de chaque entreprise.
Ce benchmark réalisé par Fabrh, se base sur une analyse quantitative des tendances et perspectives des directeurs généraux, DRH et RRH émanant de 120 grandes entreprises tunisiennes et multinationales implantées en Tunisie.
Il est à noter que Fabrh, créé en 2020, est un laboratoire d’idées, soutenu par Crit Tunisie et Arforghe, qui vise l’accélération de la transformation digitale de la fonction RH en Tunisie. En effet, il organise un débat public sur le sujet, des études et des sondages continus. Cet écosystème accompagne, également, les acteurs RH pour la mise en place de la stratégie de la transformation digitale RH et dans la conduite du changement, favorise l’emploi et l’entrepreneuriat à travers la digitalisation RH.
En outre, Labrh est une association qui a pour objectif de promouvoir l’innovation RH en France et a comme ambition d’inspirer les RH pour les rendre acteurs du futur du travail.