La neutralité carbone du secteur du transport est non seulement possible, mais aussi atteignable. Le plan d’action de cet objectif et bien d’autres points ont été abordés lors du séminaire “Vers la transition énergétique en Afrique: la mobilité électrique au service de la transition énergétique”. Il a été organisé dans le cadre de la TICAD 8 (Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique), sous l’égide du ministère de l’Industrie et de l’ANME.
Toyota : développer la mobilité électrique sur le continent africain
Shinihiro Otsuka, COO de Toyota Tsusho Corporation, croit au potentiel de la Tunisie. “La mobilité électrique pourrait s’améliorer encore et encore sur le continent africain. Nous pouvons collaborer à ce développement grâce au capital humain. Toyota dispose de plusieurs solutions pour atteindre la neutralité carbone. Nous avons déjà vendu des véhicules hybrides Toyota en Tunisie. Le gouvernement soutient les ventes de véhicules hybrides. Les politiques mises en place en Tunisie et dans les pays africains appuient cette démarche de transition vers les véhicules hybrides et électriques.”
A la question de l’adaptation des véhicules électriques à un climat chaud comme le climat africain, Otsuka répond: “Notre longue expérience depuis 1997 dans la vente de véhicules électriques nous a permis de concevoir des batteries adaptées, même en cas de chaleur.”
Utica, Ennakl : une commercialisation prochaine de véhicules électriques en Tunisie?
Ibrahim Debbache, CEO d’Ennakl Automobiles et membre de la Chambre des concessionnaires (Utica), met la transition vers la mobilité électrique au premier plan. “La Tunisie a aujourd’hui un déficit commercial budgétaire important dû au déficit énergétique. Nous devons aller vers les véhicules électriques à la fois pour des raisons budgétaires, écologiques mais aussi parce qu’il y a une demande du consommateur vers ces véhicules. La commercialisation des voitures électriques en Tunisie tarde en raison du respect du cahier des charges pour l’import. En effet, la formation du personnel à l’entretien et à la réparation d’une voiture électrique est indispensable avant le lancement de la commercialisation”.
Concernant les métaux rares, comme le lithium des batteries de voitures électriques, il appelle les pays africains à coopérer. “Au lieu d’importer les matières de certaines contrées lointaines, nous pouvons prendre ces matières des pays du continent africain et construire des relations win-win”.
Il ajoute: “J’invite les autorités à mettre en oeuvre un startup act propre aux véhicules à énergie propre avec des règles spécifiques pour soutenir ce développement. Il pourrait se nommer l’EV ACT” (EV = Electric vehicle).
Startups, PNUE : démocratiser l’électrique
Boubaker Siala, CEO de la startup Bako Motors, est un exemple de success-story tunisienne. Son véhicule hybride avec panneaux photovoltaïques pourrait démocratiser et rendre accessible la mobilité neutre en carbone.
Jane Akumu, chargée de programme pour l’unité de mobilité durable au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), évoque le cas du continent africain et la part de véhicules électriques: “Au Kenya, il n’y a que 0,02% de véhicules électriques par rapport à la flotte totale. La dernière COP26 a fixé l’objectif d’augmenter cette part. Les fonds sont disponibles, et même les investisseurs privés peuvent s’y consacrer. En tant que gouvernements, nous devons encourager (incentivise dans son intervention) ce phénomène”.