La stratégie nationale industrielle et d’innovation à l’horizon 2035 a été lancée mercredi à Tunis. Neila Nouira Gongi, ministre de l’Industrie, Mohamed El Azizi, directeur régional de la BAD pour l’Afrique du Nord, et Samir Majoul, président de l’Utica, interviennent sur ce nouveau plan d’attaque.
Neila Gongi et l’importance du capital humain
Neila Gongi remercie tous les acteurs pour leur participation et leur contribution. Puis elle annonce la stratégie: “3 grands buts et 25 objectifs stratégiques sont dans ce volet. Cela fait 50 ans que la loi 72 est parue. Mais la Tunisie de 2022 nécessite une réelle industrialisation à plusieurs niveaux. Notre premier et plus précieux capital est le capital humain. Nous comptons aussi sur l’entreprise. Dans les régions, la technologie, l’infrastructure et les partenariats public-privé permettront d’avancer”.
Mohamed El Azizi et l’industrialisation du continent africain
Mohamed El Azizi évoque l’étude de la BAD sur la politique industrielle à l’horizon 2035. “Elle constitue un projet phare dans la stratégie d’innovation. La BAD finance l’étude dans le cadre du fonds d’assistance aux pays à revenus intermédiaires. Cela aboutira à une feuille de route pour l’industrialisation. Nous arriverons à industrialiser l’Afrique à long terme. Lorsqu’en 2017, l’industrialisation de l’Afrique est devenue l’un de ses high 5, la BAD a favorisé une nouvelle réglementation fondée sur le développement des secteurs permettant la diversification et la montée en gamme économique. Elle permettra le sursaut de croissance attendu”.
Il ajoute: “La Tunisie constitue un exemple pour le continent. C’est cette vision globale fondée sur une analyse actualisée des enjeux qui est montrée dans le document de l’étude, adapté au nouveau contexte domestique et international. Le plan d’action associé identifie les actions à mettre en place. Cela nécessite la mobilisation des acteurs pour la réalisation de ces objectifs. Nous ferons partie des partenaires sur lesquels le pays peut compter dans la réalisation de cette stratégie”.
Samir Majoul et l’indépendance énergétique et alimentaire
Samir Majoul évoque la forte dépendance à l’import énergétique: “Nous passons par une crise géopolitique qui cause également une crise énergétique. Face à cette crise systémique, il faut faire face à ce choc énergétique. Rien n’est plus dangereux que de dépendre des autres sur des fonctionnements essentiels comme les hôpitaux, les usines et les administrations. Que ce soit dans les énergies renouvelables ou l’hydrogène vert, il faut aller vers l’indépendance énergétique de la Tunisie. Nous allons vers la décarbonisation”.
Il parle également de l’autonomie alimentaire, qui nécessite un développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire locaux: “Notre souveraineté alimentaire est également importante. Une part importante des pays dépendent de l’agriculture ukrainienne pour se nourrir, notamment le blé et l’huile de tournesol. Le secteur privé de l’agriculture et de l’agroalimentaire peut faire une coalition contre les spéculations. Pour le renforcement de nos capacités de production agricole, en fonction de la réalité des défis, il y a un alignement des planètes exceptionnel aujourd’hui pour sortir de la crise.
Pour lui, pas de souveraineté politique sans ces deux autonomies: “Au sujet de la souveraineté politique, notre liberté politique est en jeu. Croyez-vous que nous pouvons être indépendants lorsqu’on est si dépendants des importations étrangères pour l’énergie, la santé ou l’alimentation? Nous devons retrouver une volonté industrielle. Nous devons ouvrir un chemin nouveau pour la reconquête industrielle de la Tunisie”.