Le taux de chômage élevé et la part importante d’emplois informels constituent des caractéristiques négatives du marché du travail en Tunisie. C’est pour cela que le projet IPTIC (Impact des politiques d’emploi et création d’emplois dans les TIC) soutient la création d’emplois adaptés à la demande du marché actuel.
Financé par la République de Corée à travers son agence de coopération (KOICA) et mis en oeuvre par l’Organisation internationale du travail (OIT), sous le patronage du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle ainsi que les partenaires sociaux tels que l’UGTT et l’UTICA, ce projet vise, comme l’indique le thème de cette journée de lancement, à renforcer l’impact des politiques de l’emploi et à soutenir la création d’emplois basés sur les TIC pour les jeunes et les femmes en Tunisie.
Rania Bikhazi, directrice OIT pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, souhaite voir une représentation tripartite entre tous les acteurs pour lancer un projet innovant. “Après deux ans de conséquences négatives de la Covid sur le marché du travail, les revenus des travailleurs ont baissé. 3 travailleurs sur 5 n’ont pas les mêmes revenus qu’en 2019. Différence hommes-femmes de 0,7%. Les pays à revenu intermédiaire ou bas ont eu la plus grande différence hommes-femmes, avec une augmentation des chercheurs d’emploi. Les TPE et TPME ont subi l’inflation et l’économie informelle. L’IPTIC comprend deux parties: aider les femmes et les jeunes dans les TIC en créant des emplois. Cela comporte la transformation digitale des économies et des écosystèmes. L’OIT peut créer plus de 100 millions de nouveaux emplois grâce aux nouvelles compétences. Puis il y a l’apprentissage de toute la vie, projet 2022 2025. 15% seulement des diplômes de l’enseignement supérieur le sont en TIC. Déséquilibre offre-demande. La Tunisie a lancé avec succès le startup act pour soutenir les entrepreneurs. Ce secteur va connaître une importante croissance grâce à sa valeur ajoutée. La deuxième partie du projet est le programme 2017, soit la stratégie nationale pour l’emploi avec l’Utica et l’UGTT. Améliorer les politiques d’emploi. Résoudre les problèmes d’emploi en profondeur. Troisième partie: l’emploi est une priorité nationale. Revoir la stratégie d’emploi de 2019 en fonction de l’impact de la Covid-19 sur l’emploi.
Arnaud Peral, coordinateur résident des Nations unies en Tunisie, affirme la position des Nations unies en faveur de la jeunesse: ” Il y a une urgence d’être tous et toutes autour de la table pour donner un avenir à notre jeunesse. Il faut réaliser une construction conjointe de manière à aligner transversalement les stratégies locales et nationales. Nous sommes engagés, puisqu’en 2021 il y a eu un minimum de 65 actions pour la jeunesse et l’emploi en Tunisie. Nous avons discuté d’un système de fonds fiduciaire financé par les Nations unies afin d’agir pour la jeunesse et l’emploi.”
Sun Nam Cook, ambassadeur de Corée en Tunisie, soutient la coopération entre la Tunisie et la Corée: “Le projet cherche à soutenir la création de jobs en TIC pour effectuer des changements à moyen et long terme du marché de l’emploi. Pour une croissance durable et inclusive, le projet nécessite de nombreuses actions. Celui-ci se concentre sur les jeunes femmes et hommes pour avoir de meilleures opportunités d’emploi. Le gouvernement de Corée considère que la constitution de la connaissance et l’échange de bonnes pratiques amélioreront la chaîne de valeur. La relation Tunisie-Corée se renforce comme dans le domaine du e-learning, l’emploi et les énergies renouvelables. Notre objectif est d’étendre et de diversifier cette coopération.
Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, donne une importance capitale à ce projet et à ce dialogue. “La Tunisie est un pays de dialogue depuis l’Indépendance grâce à des accords et des institutions. Nous avons la volonté de créer de la richesse et de la valeur. Je souhaite un dialogue d’égal à égal. Mourounat At-tachghil et problèmes des bureaux de l’emploi. Les accords d’emploi connaissent des problèmes au niveau de la formalisation des contrats de travail et des bureaux de l’emploi. Nous sommes cependant loin de réaliser ces objectifs. Il n’est pas possible de transposer un modèle tout prêt dans un pays, il faut tenir compte des besoins, des spécificités de chaque pays. Les applications mobiles bancaires ou l’enseignement à distance sont mis en place, mais des questions sur le réchauffement climatique, l’autosuffisance et le stress hydrique sont tout aussi importantes. Il faut prendre ses responsabilités et trouver des solutions. Par exemple, les réformes de l’éducation ou de la santé ont été discutées, mais celle de la formation ne l’a pas été. Il faut être à jour dans les compétences et la formation afin de mettre la formation professionnelle en adéquation avec l’évolution du secteur.”
Samir Majoul, président de l’UTICA, met la digitalisation au premier plan: “La digitalisation et les TIC ont une place capitale dans l’écosystème économique, social et technologique. C’est pour cela qu’il est important de mettre en place la stratégie de Tunisie Digitale avec ses six piliers. Il y a une inadéquation entre l’offre et la demande ainsi que la migration des ingénieurs. Les techniciens et ingénieurs connaissent un certain décalage. C’est pour cela que l’UTICA travaille depuis 2017 sur sa stratégie: digital talent. Les programmes d’enseignement ont également été adaptés dans les établissements d’enseignement supérieur. Le secteur privé se réinvente pour suivre l’innovation et améliorer sa productivité. Cela a permis de décentraliser les activités et d’améliorer la connectivité sur tout le territoire. Nous souhaitons faire entrer l’économie numérique dans la vie quotidienne des citoyens, comme avec la 5G, les smart cities et l’industrie 4.0.”
Nasreddine Nsibi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, soutient la formation continue: “Au ministère de l’Emploi, depuis que je suis entré en fonction, nous étions convaincus que l’obstacle principal en Tunisie est économique, en relation avec les opportunités d’emploi pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Nous souhaitions une collaboration proche des réalités du terrain, objective, dans le but de réaliser rapidement les objectifs, loin de la théorie et plus près de la pratique concrète. Notre orientation était pour l’emploi dès le premier jour, pour permettre aux jeunes en contrat ou en freelance d’acquérir les nouvelles compétences demandées sur le marché de l’emploi. Nous avons établi un partenariat avec le ministère des Technologies pour les former à ces compétences en TIC. Pourtant, il y a un manque de personnel spécialisé et un fort taux de chômage. Nous avons souhaité réaliser des partenariats avec les entreprises et les associations pour fournir des formations et des postes. Les programmes d’emploi travaillent avec des personnes au chômage long ou avec très peu d’expérience. Nous souhaitons que les jeunes entrent dans la vie professionnelle, pour les protéger de l’exploitation ou du travail instable. Nous avons aussi créé des programmes d’apprentissage tout au long de la vie avec la formation continue, les écoles de la deuxième chance et des centres de formation pour les personnes de tous âges. Avant de rédiger la LF 2022, nous avons établi un budget supplémentaire pour le ministère afin de soutenir les porteurs de projets avec la Banque tunisienne de solidarité. Nous avons également un financement de 8 millions d’euros de l’Agence française de développement, ainsi qu’un financement du ministère des Finances”.
L’IPTIC a commencé en décembre 2021 et se poursuivra durant 4 ans jusqu’en novembre 2025. Les résultats attendus par cette campagne sont le renforcement des capacités du ministère de l’Emploi pour une mise en œuvre efficace d’une politique nationale de l’emploi et de plans d’action régionaux. Les institutions de l’emploi et les partenaires sociaux au niveau local devraient être en mesure de concevoir et de mettre en œuvre des politiques pertinentes pour l’emploi des jeunes et des femmes. Enfin, IPTIC constitue un appui à la création directe d’emplois décents pour les jeunes et les femmes dans le secteur des TIC dans les gouvernorats de Tunis, Sousse et Sfax.