Aller dans une librairie ou chez un bouquiniste, choisir un livre et le payer, des gestes simples qui ont pourtant de moins en moins de sens pour beaucoup de Tunisiens aujourd’hui. Certains préfèrent une solution plus simple, qui est de lire des livres téléchargés gratuitement sur Internet. Mais cette pratique est très néfaste pour les auteurs comme pour les éditeurs, puisque ces copies gratuites sont souvent issues du piratage. A l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, célébrée le 23 avril de chaque année, Managers traite du droit d’auteur des œuvres littéraires en Tunisie.
En France, un livre tombe dans le domaine public lorsque son auteur est décédé il y a plus de 70 ans. En Tunisie, la durée est plus réduite, puisqu’elle est de cinquante ans. Donc les œuvres littéraires publiées plus de cinquante ans après la date de décès de l’auteur peuvent être distribuées gratuitement. Si l’auteur est décédé depuis moins de cinquante ans, c’est la maison d’édition qui détient les droits d’auteur du livre, c’est-à-dire le droit d’imprimer et de distribuer l’œuvre. Sur chaque livre vendu, l’auteur touche une part de la vente, et l’éditeur une autre part.
Lorsqu’un livre est scanné et publié sur le net, et que l’œuvre n’est pas tombée dans le domaine public, cela enfreint les droits de la propriété intellectuelle.
Un éditeur témoigne à ce sujet: “La problématique principale dans le monde arabe réside dans le fait que les livres sont disponibles gratuitement sur Internet. Il n’y a pas d’institutions fortes en Tunisie qui contrôlent et punissent le piratage, puisque le marché connaît énormément de plagiat. Les auteurs et les éditeurs n’ont aucun moyen de lutter contre cela. Le marché s’est internationalisé aujourd’hui, tant au niveau des habitudes de lecture que des circuits de distribution. Il y a quelques dizaines d’années, un livre pouvait être édité par d’autres, même si la maison d’édition initiale possède les droits. Un exemple de livre qui a été édité en infraction aux droits d’auteur est Saison de la migration vers le nord de l’auteur soudanais Taieb Salih.”
Il ajoute: “Egalement, les droits d’auteur sont bien plus importants en Tunisie qu’en France. Alors que les éditeurs français doivent 6 à 8% en droits d’auteur, les éditeurs tunisiens doivent 15% de droits d’auteur aux écrivains tunisiens”.