Une crypto-monnaie commune et un marché des capitaux intégré pourraient stimuler le commerce en Afrique et soutenir la croissance après la crise de Covid-19, ont déclaré des experts lors de la Conférence économique africaine 2021 tenue vendredi 02 décembre 2021 .
Mais le continent doit d’abord harmoniser les règles et protocoles nationaux régissant les systèmes financiers des différents pays pour rendre les réformes réalisables, ont déclaré les panélistes lors d’une discussion sur la réforme du système financier africain.
La Banque Africaine de Développement est un acteur majeur de cet événement. Dans un communiqué, elle encourage la création d’une crypto-monnaie qui s’appliquerait à l’échelle continentale.
Anouar Hassoune, professeur de finance et PDG de l’Agence de notation de l’Afrique de l’Ouest, estime qu’une crypto-monnaie commune allégera le coût des affaires et donnera une identité au continent.
“Nous devons proposer une crypto-monnaie qui soit acceptable pour chaque État membre. Il est préférable de le faire au niveau continental, et nous avons l’expertise pour le faire. C’est une question de gouvernance, pas une question de technologie”, a souligné M. Hassoune.
Il a ajouté que la crypto-monnaie proposée pourrait servir d’alternative pour monétiser certaines des richesses du continent, comme l’or et d’autres matières premières.
Augustine Ujunwa, économiste à l’Institut monétaire ouest-africain, a déclaré qu’un marché des capitaux intégré qui fonctionne bien est crucial pour lever des fonds pour financer les besoins de développement de l’Afrique.
“Actuellement, nos marchés sont petits, nos pays sont petits et nous devons adopter une approche régionale pour intégrer les marchés. Mais, avant d’en arriver là, nous devons harmoniser nos lois, règlements et protocoles régissant nos systèmes fintech et numérique”, a-t-il déclaré.
Ujunwa a déclaré que le financement des banques centrales était devenu critique, notamment à la suite de la crise Covid-19. “Les banques centrales devraient aller au-delà de leur rôle de stabilité des prix et poursuivre une politique monétaire axée sur la croissance. Elles devraient commencer à réfléchir à des moyens innovants de fournir des financements aux secteurs critiques de l’économie.”
Le panel, modéré par Marie-Laure Akin-Olugbade, directrice générale de la Banque africaine de développement pour l’Afrique de l’Ouest, a également exploré le rôle des banques centrales dans le financement du développement de l’Afrique, et le financement islamique.
Emmanuelle Riedel Drouin, responsable du département Transition économique et financière à l’Agence française de développement, a soutenu l’idée d’une crypto-monnaie panafricaine, mais a précisé qu’il y avait des préalables.
“Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de travail à faire sur l’infrastructure numérique, le développement des systèmes de paiement, l’interopérabilité des systèmes de paiement doit vraiment être travaillée. Ainsi, il y a beaucoup de travail à faire en collaboration avec les institutions financières sur la numérisation des canaux de livraison et de paiement”, a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que si les banques centrales ont un rôle crucial, il est essentiel pour les économies de diversifier les sources de financement afin de moins dépendre d’elles. Les panélistes ont noté que l’existence de divers groupements régionaux et leurs différents protocoles, y compris les paiements transfrontaliers, doivent être abordés pour faciliter la mise en œuvre d’un marché des capitaux intégré. L’expérience a montré que certains pays sont réticents à permettre à d’autres protocoles de s’interfacer avec leurs systèmes, ont-ils ajouté.
La Conférence économique africaine de 2021 se tient dans un format hybride, les principaux délégués se réunissant sur l’île de Sal, au Cabo Verde, ainsi que virtuellement. Elle réunit un large éventail de parties prenantes, notamment des décideurs politiques, des institutions de développement, le secteur privé et des chercheurs, pour discuter des moyens d’accroître durablement les sources de financement du développement du continent. La conférence est organisée par la Banque africaine de développement, le Programme des Nations unies pour le développement et la Commission économique pour l’Afrique.
Source : BAD