Au-delà de sa mission d’instruction, l’école joue un rôle social primordial. Elle est le premier noyau social en dehors du cercle familial et du quartier. C’est le lieu idéal où on acquiert les valeurs de citoyenneté et de civilité pour vivre en société. L’école représente également un rempart contre la violence, la criminalité et contre toutes les dérives telles que l’extrémisme sous toutes ses formes et ses couleurs. L’éducation est une « Socialisation méthodique pour la jeune génération », disait Émile Durkheim.
Cette dimension sociale de l’école ne cesse de rétrécir au profit de la rue et des réseaux virtuels. La hausse du nombre d’incidents au sein de nos écoles et nos universités – drogues, violence, délinquance et crimes – en témoigne de ce basculement dangereux.
Certes, nous avons besoin d’analyses approfondies (des études en sociologie, psycho-sociologie, anthropologie…) pour bien comprendre les maux de nos écoles en Tunisie. De telles études demeurent indispensables pour la mise en place des stratégies nationales et des réformes adéquates.
Toutefois, si nous essayons d’être un peu optimistes, nous pouvons faire changer les choses avec très peu de moyens. Des petits changements réalisables à court terme peuvent avoir un impact cumulatif non négligeable sur le long terme.
Créer de l’intérêt auprès de nos élèves et nos étudiants
L’école telle qu’elle est aujourd’hui, avec ses méthodes traditionnelles de transmission du savoir, ses règles de fonctionnement archaïques, sa méprise parfois de l’entité “apprenant”, ne répond plus aux aspirations des jeunes. L’offre qu’elle présente est de loin moins attractive que celle du monde virtuel et de la rue. Pour faire revenir l’élève à l’école et lui donner du plaisir à y être, il va falloir créer un environnement attractif. Un univers excitant et intéressant. Nul ne doute que les millennials (jeunes) disposent de capacités d’innovation et de créativité qui dépassent toutes les limites. Ils ont juste besoin d’un espace serein et sécurisé pour qu’ils puissent exprimer leurs talents. Les lycées et universités représentent un espace idéal pour promouvoir, développer et encadrer ces talents.
Transformer en espaces ouverts d’innovation
L’innovation ouverte au sein de l’école consiste concrètement à l’ouvrir sur son monde extérieur. Parallèlement, dans le cadre de leur apprentissage, les étudiants et élèves s’engagent dans des projets et des actions d’innovation qui profitent à la fois à leur école et à la communauté. En s’appuyant sur un écosystème de partenariats public-privé-citoyen, étudiants, enseignants, personnel administratif, membres de la communauté (quartiers, associations, citoyens, experts, entreprises, commerçants…) travaillent en étroite collaboration pour identifier et traiter des problèmes locaux. Des solutions innovantes digitales, techniques… à portée sociale, écologique… seraient ainsi co-créées, testées et développées.
Cette démarche d’innovation participative consiste à transformer l’espace d’apprentissage en laboratoire vivant (“living labs”).
Le concept, living lab, est né aux Etats-Unis, depuis une vingtaine d’années et commence à prendre de l’ampleur partout dans le monde. La réussite de ce modèle se situe dans son approche participative où les utilisateurs finaux du service ou du bien à développer sont considérés comme des acteurs principaux du processus de développement des services et produits à consommer.
La très fameuse université de Harvard fut la première au monde à avoir créé un living lab en 1996. Pour participer au développement de la région de Boston, l’université a ouvert ses portes aux habitants, aux entreprises, associations… pour initier des projets collaboratifs autour de problématiques locales, telles que l’amélioration des services au sein des maisons de retraite, des hôpitaux, des espaces publics, petites entreprises… Aujourd’hui, tous les campus de l’université Harvard se sont transformés en living labs. Les étudiants de différentes spécialités et leurs enseignants travaillent sur l’amélioration de la qualité de la vie de leurs campus en créant des solutions écologiques (recyclage des déchets de l’université, purification de l’air, réduction de l’empreinte carbone,) des services d’inscription, logements et restos universitaires…
L’introduction de la méthode living lab au sein des universités et lycées aurait des bienfaits majeurs en particulier quand la démarche est accompagnée de petites compétitions et des prix et distinctions…
– Sur le plan de l’apprentissage, les living labs favorisent la diversification des modalités d’apprentissage permettant aux étudiants d’appliquer leurs connaissances à travers des projets réels.
– Ils permettent de désenclaver l’école et l’intégrer dans son espace territorial.
– Une école dynamique, plus attractive et un environnement excitant.
– Promouvoir le sens de la responsabilité, l’esprit innovant, la maturité, les soft skills… chez l’élève/étudiant.
– Créer une ambiance attractive face à la rue et au monde virtuel.