Articulée et argumentée, la démarche RSE de la BIAT s’est tracé un chemin de rigueur que décrit, avec la clarté d’un statisticien, Nader Trigui, directeur à la BIAT : « D’abord réussir la cartographie des enjeux, puis décider de la manière de prioritiser, identifier avec précision les parties prenantes, puis établir une matrice de matérialité, on part aussi de la documentation. Ensuite tracer les avantages financiers, économiques et autres. »
Cela paraît simple, mais rien n’est possible sans la satisfaction à deux conditions : bénéficier de l’appui du top Management, s’inspirer de l’ISO 26 000 et des Objectifs de développement durable. Passée cette double portière, on peut alors abonder dans le sens des relations et des conditions de travail, le développement humain, les communautés et le développement local, l’accès à la technologie, l’engagement politique responsable, la lutte contre la corruption, le respect du droit de propriété, les pratiques loyales, l’éducation… Un foisonnement dont la complexité avertit que les règles de bonne gouvernance au niveau de la banque sont vitales.
Mais, attention, nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes et Nader Trigui le dit de manière directe : « À l’Université tunisienne, il n’existe pas de cursus RSE et même s’il y a une montée en compétences manifeste des gens qui travaillent sur la RSE, les attributions en sont éparpillées au sein de nos banques où on n’a que rarement une personne attitrée. Nous devons définir quels sont les ambassadeurs RSE au niveau de la banque, des correspondants par Business Unit, la mise à jour, les fiches de poste. »
Il va encore plus loin en recommandant de s’inspirer de la roue de Deming (objectif, action, mise en œuvre, atteinte des objectifs, validation) tout en regrettant que la plupart des démarches RSE en Tunisie ne couvrent que les deux premières phases. « Il faut donc travailler sur les outils pour améliorer notre progrès. Il faut vérifier et capitaliser puis généraliser ; ou bien chercher les causes-racine… la roue de Deming tourne », commente Nader Trigui qui souligne la nécessité de pilotage, d’élaboration d’indicateurs à partager entre les différentes banques et d’analyse de matérialité et de risques de non aboutissement, de mise en place d’un axe de communication…
Il confesse que nous n’en sommes pas encore à une démarche universelle et que nous devons investir dans la transformation digitale qu’il décrit comme un accélérateur de la démarche RSE. Le langage de Nader Trigui est ainsi jalonné de vocables comme la roue de Deming, la démarche des « 5 pourquoi », le diagramme d’Ishikawa, dans une reprise des termes de la démarche des cercles de qualité qui colore manifestement la démarche RSE de la BIAT.