La fondation Education for Employment Tunisie (EFE-Tunisie) en partenariat avec l’IACE, avec l’appui de la Fondation DROSOS annonce les résultats d’une étude élaborée sur l’emploi et l’entrepreneuriat intitulée : «Emploi et Entrepreneuriat en temps de Covid-19 : Impact et Réponses». Comme son nom l’indique, cette étude est une tentative d’apporter des éléments de réponse à la situation actuelle de l’emploi et de l’entrepreneuriat, chiffres à l’appui.
Cette étude a été réalisée sur le mois de décembre 2020 avec trois enquêtes qui ont ciblé des acteurs différents mais complémentaires. À savoir, les entreprises, à raison de 950, 200 startups et 1000 jeunes âgés de moins de 35 ans. L’enquête a couvert l’ensemble des secteurs de l’économie et toutes les régions.
Ayant pour mission la formation pour le placement dans le but de l’amélioration de l’employabilité et l’intégration des jeunes en entreprise, et soucieuse de dresser la problématique du chômage conjoncturel surtout en remédiant à l’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, EFE-Tunisie a veillé à réaliser cette étude en partenariat avec l’IACE afin d’évaluer les potentielles opportunités malgré la crise et garder une vision optimiste face à l’incertitude régnante.
Les résultats de l’étude ne sont pas très surprenants du fait que la situation sanitaire a provoqué un bouleversement qui a touché les économies les plus inébranlables. Et l’augmentation du nombre de chercheurs d’emploi en 2020 était un constat qu’il fallait impérativement analyser de plus près.
Enquête entreprises :
Plusieurs chiffres importants à retenir, à commencer par 71% des entreprises privées qui ont été capables de maintenir leurs nombres d’employés. Les chefs d’entreprise et premiers responsables qui avaient répondu au questionnaire ont clairement déclaré que si leurs entreprises n’étaient pas en mesure de recruter davantage de personnel, il n’était pas question d’envisager la baisse de l’emploi. Cependant, 15% des répondants pensent ramener leurs ressources humaines à la baisse.
11% des entreprises qui comptent recruter sur les douze prochains mois prévoient de le faire au niveau des hauts cadres à raison de 59%. De ce fait, les personnes qui sont les plus demandées par les entreprises sont celles qui disposent d’une expérience professionnelle et qui seraient déjà en poste. Par ailleurs, les fraîchement diplômés font partie de la catégorie la plus sollicitée des chercheurs d’emploi loin devant ceux qui comptent une période de chômage assez longue. Ceci ne fait que confirmer la pertinence de la reconversion professionnelle.
En outre, la baisse d’emploi est expliquée par le changement d’activité pour 25% des entreprises sondées, alors que 29% d’entre elles l’expliquent par les changements des méthodes de travail ; 46% associent la baisse à la maîtrise des dépenses. Ce qui revient à affirmer que la compétitivité des entreprises joue un rôle très important à maintenir la stabilité de ses ressources humaines sans être amenée à se séparer d’une partie des employés comme première solution aux difficultés imposées par le marché. En effet, le coût du transport supplémentaire imprévu ou les mesures sanitaires mises à disposition ont coûté 5% de la masse salariale (étude de la fédération du secteur textile).
De plus, afin d’évaluer l’adaptabilité des entreprises, l’enquête a révélé que 16% des entreprises ont effectué des investissements dans les infrastructures IT dont 60% pour acheter du matériel hardware ; alors que l’intérêt des entreprises est essentiellement porté, dans l’ordre, sur :
- La mise en place du plan de continuité de l’activité
- Former les employés
- Améliorer l’environnement du travail et du bien-être en entreprise.
Dans un souci de mieux comprendre les dispositions mises en place par les entreprises pour mieux faire face aux défis de la crise, on retient que seulement 10% ont fait participer leurs employés dans les discussions sur les orientations stratégiques de l’entreprise. Et 21% des entreprises seulement ont un budget dédié à la formation dont 8% uniquement de ces entreprises ont renforcé le budget de formation en période de Covid-19.
Alors que 67% ne disposent pas de ressources pour les formations et recourent soit à l’autoformation soit aux formations gratuites, 14% des entreprises ont prévu de nouveaux programmes au profit des employés afin de les autonomiser pour les 12 prochains mois dont 55% dédiés aux formations techniques liées aux métiers, viennent en deuxième lieu, les formations en soft skills.
En somme, la communication et la formation restent des axes d’amélioration au sein des entreprises, les langues font partie des compétences les plus requises par les entreprises selon les responsables ressources humaines qui ont participé à l’enquête dont l’arabe et le français en premier lieu, ces derniers étant considérés comme le moyen de communication le plus utile.
Enquête jeunes :
L’enquête s’est penchée sur la situation des jeunes chercheurs d’emploi et leurs attentes suite à la Covid-19 ; 21% étaient au chômage en période pré-covid, le chiffre a évolué à 32% durant le premier semestre de 2020 et est redescendu à 29%.
En réponse à la question comment avez-vous été recruté ? 42% des chercheurs d’emploi ont répondu que c’était grâce à leurs propres moyens ; alors que 80% des chômeurs sont enregistrés dans les bureaux d’emploi, 8% d’entre eux seulement sont arrivés à décrocher un emploi en passant par les bureaux d’intermédiation sur le marché du travail publics et privés.
73% de ceux qui ont trouvé leur premier travail l’ont fait en moins de 6 mois et 65% pensent ne pas trouver du travail car le marché est saturé. Il est à noter que plus les chercheurs d’emploi restent au chômage, moins ils ont une chance de trouver un travail tous diplômes confondus.
Alors que 64% des ceux qui ont été recruté travaillent dans leurs domaines d’expertise et 74% sont prêts à quitter leurs actuels postes d’emploi si cela leur permet d’évoluer, 63% sont persuadés qu’ils doivent renforcer leurs compétences et 37% d’entre eux font de l’effort pour améliorer leurs compétences linguistiques ; 50% sont prêts à suivre une formation à distance.
Enquête entrepreneuriat :
Cette enquête s’est adressée aux jeunes entrepreneurs dans le but de comprendre les défis qu’ils rencontrent et a révélé que 60% des entrepreneurs l’ont fait par nécessité ; et seulement 15% l’ont fait pour saisir une opportunité.
Tandis que 93% des entrepreneurs attendent un appui financier des structures de financement pour lancer leur projet, le besoin en fonds de roulement constitue le premier handicap pour lancer une entreprise et une priorité à surmonter, selon eux.
Le volet entrepreneuriat de l’étude s’est focalisé sur l’entrepreneuriat social et solidaire dont 33% des protagonistes sont motivés dans leur démarche par l’envie de soutenir les populations vulnérables et 44% d’entre eux ont réussi à lancer leurs projets en s’autofinançant.
En outre, la société civile, les institutions de microcrédit, la BTS, l’UGTT ou l’UTICA viennent en premier en tant que vis-à-vis des entrepreneurs sociaux étant donné l’absence d’un guichet unique pour ces derniers.