L’Économie Créative et Culturelle est un concept relativement nouveau. Plusieurs acteurs tunisiens se positionnent depuis quelques années sur ce secteur qui est considéré mondialement comme un véritable levier de développement économique, social et humain.
On commence à voir, en Tunisie, le début d’une structuration des acteurs de ce secteur et une prise de conscience timide du potentiel économique qu’il représente. Alors, l’économie créative, qu’est-ce que c’est, ça concerne qui et comment est-ce qu’on pourrait accompagner son développement ?
L’économie Créative et culturelle, qu’est-ce que c’est ?
Ce concept économique repose sur les activités économiques humaines fondées sur la créativité, la culture, la propriété intellectuelle et le respect des droits d’auteur. Il est inextricablement lié à la quatrième révolution industrielle et à l’économie de la connaissance. Il repose, entre autres, sur les Industries Créative et Culturelle qui sont “les secteurs d’activité ayant comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion ou la commercialisation de biens, de services et activités qui ont un contenu culturel, artistique et/ou patrimonial”. À l’échelle mondiale, ces industries ont généré 2 250 milliards de USD en 2014, ce qui représentait alors près de 3% du PIB global. En Afrique et au Moyen-Orient, ce secteur représente 1,1% de la production du continent (Cultural times, EY, 2015).
Le Secteur en Tunisie : défis et freins
En Tunisie, la part du secteur de la culture est encore faible et représenterait, selon les différentes estimations, entre 0,6% et 1% du PIB. Pourtant, l’engouement des Tunisiens pour les produits culturels, ainsi que la richesse de l’artisanat de notre pays, ne laissent aucun doute sur le potentiel de production et de consommation pour les industries créatives et culturelles. Mais les acteurs de ce secteur, privé comme public, rencontrent des obstacles nombreux et divers à leur bon développement. Ces obstacles se manifestent de différentes façons. Les canaux de distribution, notamment les infrastructures dédiées à la culture (cinémas, salles de concert, librairies…), sont insuffisants. Le déficit de formations spécifiques et de lieux de création ainsi que le faible nombre d’activités créatives dans l’éducation représentent un frein à la créativité. Par ailleurs, le cadre légal n’est pas suffisamment à jour et souffre d’un manque d’application. Particulièrement en ce qui concerne l’application des lois relatives aux droits d’auteur. Le manque de statistiques chiffrées est un frein au développement du secteur. De plus, l’accès aux biens et pratiques culturels en Tunisie reste très inégal selon les régions.
Quelles pistes de développement ?
L’Économie Créative et Culturelle a un potentiel énorme pour l’économie tunisienne, notamment en termes de création d’emplois. Elle pourrait représenter un important vecteur de réduction des disparités régionales et économiques. La Tunisie est l’un des pays de la Méditerranée qui possède le plus de ressources archéologiques sous-exploitées. La majorité des sites se situent dans des régions délaissées ; l’exploitation de ces dernières permettrait de créer de nouveaux emplois (dont des postes qualifiés) dans les régions où le taux de chômage est le plus important. Par ailleurs, il est important de noter que la spécificité des emplois que ce secteur de l’économie propose a une plus-value culturelle qui est extrêmement liée à des territoires. Ainsi, l’industrialisation par la créativité et la culture offre à ses travailleurs des emplois valorisants car liés à leurs ressources culturelles.
Pour pallier ce manque de données, les acteurs privés du secteur ont mis en œuvre des études. Tout d’abord, l’étude de la Fondation Biat sur le développement des Industries Créatives et Culturelles en 2018 qui a été réalisée par Ahmed Amine Azouzi et qui a permis de faire avancer le débat sur cette question.
En septembre 2019, la Fondation Rambourg, l’un des acteurs de ce secteur qui travaille à développer le potentiel de l’économie créative et culturelle en Tunisie, a lancé une étude intitulée “Économies créatives et culturelles, Tunisie 2019” qui va permettre d’appréhender ce secteur économique, d’identifier les attentes et difficultés de ses acteurs et de proposer des mécanismes d’accompagnement concrets.