Après une partie euphorisante, les Bleus sont arrivés à remporter la finale de la Coupe du Monde de 2018. Une belle victoire plongeant les Français dans une belle euphorie. Ils ont bousculé au portillon des Champs-Elysées et au pied de l’Arc de Triomphe pour célébrer ce moment historique. Les Français peuvent-ils espérer gagner quelques points de croissance à la suite de cette victoire ?
Une question qui mérite d’être posée, surtout que plusieurs économistes ont mis en avant une corrélation entre une victoire à la Coupe du monde et les performances macroéconomiques. Une relation a déjà été démontrée en ce qui concerne les pays organisateurs de cet événement sportif majeur.
Une corrélation évidente
D’après les données de la Banque mondiale, à la suite de la Coupe du monde de 2010, l’Espagne, en pleine crise était passée d’un taux de croissance du PIB négatif à un taux nul. Une coïncidence ? Certainement pas. Puisque depuis 1970, les pays vainqueurs de la Coupe du monde de football ont vu leur croissance économique augmenter après la victoire, selon BFM TV, en prenant comme appui l’étude réalisée par la banque ABN Amro, une banque néerlandaise sur la base de données allant de 1970 à 2002.
Ainsi, il a été démontré que les pays qui remportent le trophée Jules Rimet depuis 1970, enregistrent une amélioration de leur taux de croissance annuel du PIB d’environ 0,7 % l’année de leur victoire, par rapport aux années précédentes. Quant aux malchanceux finalistes, leur croissance économique a au contraire ralenti de 0,3 %.
Effet sur le moral des consommateurs
Il est indéniable que la Coupe du monde produit un effet psychologique sur le consommateur. A titre d’exemple, la France a réalisé un taux de croissance exceptionnel avoisinant les 6% après sa victoire en 1998 face au Brésil. La consommation des ménages avait augmenté de 2,6 % contre 0,7 % au trimestre précédent le Mondial, selon les statistiques de la Banque de France. L’investissement des entreprises a également constaté un accroissement de 6,6 %.
Selon BFM TV, les victoires en finale de Coupe du monde sont ainsi souvent suivies d’une période de surconsommation. La fréquentation des bars et restaurants s’accroît, la vente d’articles de sports, l’achat de téléviseurs et même de voitures connaissent aussi une augmentation, en raison de l’amélioration systématique de l’indice du moral du consommateur.
Dans ce même contexte, François Lenglet, journaliste spécialisé en économie n’a pas hésité à utiliser le terme « boom » à propos des ventes de pizzas, téléviseurs et bières. Pour lui, la qualification a des conséquences sur le moral des Français. Excités par l’enjeu d’une Coupe du monde, ces derniers seraient donc susceptibles de consommer davantage.
D’ailleurs, le titre de gagnant peut également stimuler les investissements étrangers. Selon l’étude d’ABN Amro « Un pays qui attire l’attention facilite l’établissement de relations commerciales et d’investissement avec d’autres pays et le football peut bien aider à faciliter de tels contacts ».
Un bien-être social
L’Italie sortie victorieuse en 2006 avait vu elle aussi sa conjoncture sortir ne serait-ce qu’un peu des suffocations. L’Espagne, vainqueur du Mondial 2010 était, aussi,un des pays les plus endommagés par la crise de 2008. Depuis l’éclatement de la sphère immobilière, l’économie espagnole était dans un cercle vicieux en constante récession avec des déficits publics frôlant les 11,2 % du PIB et un taux de chômage atteignant les 20 %. Des chiffres que les Espagnols ont oubliés durant la campagne victorieuse de leur pays en Afrique du Sud en 2010. En émergeant après un mois intensif de football, l’optimisme a regagné leurs esprits.
L’envers du décor
L’étude Soccernomics avait cependant accordé le bénéfice du doute à ces conclusions. Si elle estime que les effets macroéconomiques d’une victoire au Mondial sont bien réels, la victoire accorde un petit bonus mais pas un boom. « Les problèmes structurels de l’Espagne sont trop profonds pour qu’une simple victoire nous sorte de là », avait insisté Juan Carlos Martinez Lazaro, de l’IE Business School. Les effets seront ponctuels et temporels vu une surconsommation temporelle causée par une euphorie des consommateurs
Pour conclure, les économistes persistent et signent: une simple victoire sportive ne saurait remplacer une réforme du marché du travail, la baisse des déficits ou une réforme du secteur financier mais booste le moral et encourage la consommation.