TAMSS
La sous-représentation des femmes dans le monde entrepreneurial est manifeste. Scruter l’écosystème pour construire l’édifice est une étape cruciale. Faisant face à de plus grands défis, les femmes entrepreneures ont besoin de l’appui de programmes spécifiques et de l’accompagnement de structures d’appui. C’est dans ce sens et pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin que l’association TAMSS (Tunisian Association for Management and Social Stability) a élaboré le Mapping de l’écosystème entrepreneurial dans les gouvernorats de Gafsa, Mahdia, Kairouan et Grand-Tunis.
L’étude a été réalisée dans le cadre du projet Flag (Femmes, Leadership, Appui, Gestion) mis en œuvre par TAMSS, en étroite collaboration avec le ministère de la Femme et financé par l’Union européenne (UE) pour une valeur d’un million d’euros “ Le projet se donne comme objectif d’accompagner en 26 mois 75 micro entreprises gérées par des femmes, dont 50 nouvelles et 25 existantes, dans la pérennisation de leur business modèle” , a précisé Yousr Hrizi, la cheffe du projet lors d’une rencontre de restitution des travaux avec les différents représentants des structures d’accompagnement. Chema Gargouri, présidente de TAMSS a pour sa part déclaré que l’association créée en 2006 œuvre depuis 2011 à combattre le secteur informel, à soutenir les femmes aussi bien sur le plan social que celui de l’entrepreneuriat et à renforcer les capacités des ONG.
L’étude analyse l’écosystème entrepreneurial des quatre gouvernorats favorable à travers le prisme de trois piliers : le renforcement des attitudes entrepreneuriales, les capacités à promouvoir l’entrepreneuriat et les aspirations et motivations à entreprendre.
Si chacun des gouvernorats a ses singularités, les résultats de l’étude exposés par Mohamed Madhkour, managing partner d’ADVI ont mis en exergue des constats communs. En premier lieu, il ressort une grande faiblesse de la dynamique de plaidoyer et du réseautage dans les régions. Incontestablement, ceci incomberait aux organisations professionnelles. Ensuite, il a été souligné l’instabilité des mécanismes et de la faible utilisation des programmes gouvernementaux, en dépit du grand nombre de ces derniers. Le faible recours au programme RAIDA, mis en œuvre par le ministère de la Femme, en est une illustration. Enfin, c’est la qualité du financement qui devrait alerter. Les financements existent, le hic est qu’ils sont majoritairement mobilisés vers la création plutôt que le développement. A ce titre, Mohamed Madhkour a fait référence à une bonne pratique internationale qui débloquerait le goulot d’étranglement à savoir mettre en place un fonds de garantie au lieu de concentrer les efforts sur les financements.
La Tunisie … conjuguée au pluriel!
La révélation est que l’écosystème entrepreneurial n’est pas un ensemble homogène. A chaque gouvernorat sa spécificité, ses forces et ses faiblesses. Le Grand-Tunis, quand bien même bénéficiant de l’infrastructure la plus développée, il souffre d’une forte pression de la demande eu égard aux services d’appui et de financement existants. Plus particulièrement, l’offre publique de service ne peut pas absorber le stock important de demandeurs d’emploi et de porteurs de projets.
S’agissant du gouvernorat de Gafsa, c’est le renforcement des capacités à entreprendre qui bat de l’aile. Plus précisément, le gouvernorat est dépourvu d’infrastructures orientées vers l’innovation et la création bien qu’il soit doté d’anciennes infrastructures d’éducation et d’apprentissage.
Kairouan, pour sa part, souffre de plusieurs défaillances : un souci d’accès aux services, un taux des populations de l’enseignement supérieur faible ( 6%), un problème d’appui à l’entrepreneuriat, à l’export et à l’internationalisation du tissu économique et une faible présence des femmes chefs d’entreprises et des femmes économiquement occupées dans le secteur productif. Cependant, Mohamed Madhkour a souligné l’implication et la mobilisation de l’écosystème de la région à appuyer les initiatives entrepreneuriales.
De son côté, Mahdia a du chemin à faire pour améliorer le renforcement des aspirations et motivations à entreprendre. Mohamed Madhkour a relevé que les encouragements et la création des conditions favorables pour les entrepreneurs sont très timides. Autant citer un souci d’appui à l’internationalisation. A titre d’illustration, malgré un positionnement fort dans le secteur de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire, l’activité dédiée à l’export reste relativement modeste en comparaison avec les autres régions.
Des enseignements qui devraient faire office de précieux imputs pour les décisions et les politiques publiques. Charge aux décideurs de capitaliser sur les atouts et de remédier aux insuffisances.