C’est en grandes pompes que le coup d’envoi de la première session de l’Economic Policy Dialogue a été donné ce jeudi 30 janvier 2020 à l’hôtel Movenpick aux Berges du Lac 1, en présence de plusieurs invités de marque. L’initiative, rappelons-le, a été lancée par la Banque Mondiale (BM) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L’objectif est de mettre l’accent sur le développement humain en Tunisie en vue de réaliser une croissance inclusive dont peuvent profiter toutes les couches de la population.
Un développement humain efficace et profitable à tous repose sur un système éducatif et un système de santé performants. Pourtant, en Tunisie, ces deux secteurs vitaux sont en crise. Il suffit, pour s’en rendre compte, de constater l’état déplorable des écoles et des hôpitaux publics. La première session de l’Economic Policy Dialogue a donc été axée sur les problématiques relatives à ces deux secteurs. Le débat de ce jeudi a été l’occasion de soulever les principales problématiques et d’apporter les solutions envisageables pour remédier à la situation.
Un enseignement adapté aux besoins du marché, aux nouvelles technologies et à la mondialisation
En matière d’éducation, les participants au débat ont déploré les inégalités et la dégradation de la qualité de l’enseignement et des infrastructures du secteur public. “C’est un immense chantier. Il faut restaurer la confiance dans l’enseignement public, redéfinir le rôle de l’école et proposer un enseignement adapté aux exigences de la mondialisation et du marché du travail”, préconise Radhi Meddeb, président de l’Association Action et Développement Solidaire. Plusieurs recommandations ont été formulées pendant le débat dans l’objectif de sortir l’éducation de la crise qu’elle traverse aujourd’hui.
Il est clair que le niveau de l’éducation tunisienne s’est considérablement dégradé au fil des années et c’est ce que les experts ont rappelé. De ce fait, ils recommandent de bâtir une école qui répond aux exigences de la mondialisation, et ce à travers la refonte des programmes et de la méthodologie de l’enseignement. Dans ce même contexte, il faut former les citoyens au numérique dont la maîtrise est devenue une compétence incontournable, et placer la préscolaire comme une priorité – accès gratuit – afin de traiter les racines du problème de l’éducation. L’accent doit être mis sur les soft-skills et la maîtrise des langues pour offrir une formation moderne et complète.
Réhabiliter la formation professionnelle
La gouvernance est un autre point qui a été exposé par les intervenants. Elle doit être accompagnée par une stratégie qui valorise le capital humain et qui met en action les différents départements ministériels et les structures de l’Etat afin qu’ils puissent travailler de manière transversale.
L’entretien et la modernisation de l’infrastructure des établissements scolaires est une autre priorité sur laquelle les pouvoirs publics doivent se concentrer pour sauver l’éducation. Toute réforme doit être conçue sur la base d’un diagnostic précis de la situation.
Au niveau de la qualité de l’enseignement et des débouchés, l’image de la formation professionnelle doit être réhabilitée chez l’opinion publique. De fait, la pression sociale fait que les citoyens voient d’un très mauvais oeil ce type de formation qui, pourtant, garantit une meilleure insertion au marché du travail. Plus encore : les experts recommandent d’instaurer une passerelle entre la formation professionnelle et le cycle d’ingénieur. C’est donc la perception de la formation professionnelle qui doit être changée à travers une campagne de communication efficace.
Une éducation accessible à tous et dans les meilleures conditions
L’économie du savoir, d’un autre côté, doit être la règle dans le système éducatif tunisien, où aucune distinction ne doit être faite entre le secteur public et le secteur privé. Toujours dans l’optique d’améliorer la qualité de l’enseignement, il est essentiel de mettre en place un système pédagogique actif dans l’enseignement supérieur où les étudiants sont amenés, régulièrement, à élaborer des projets. Pour leur part, les enseignants doivent bénéficier d’une meilleure formation et avoir la possibilité d’évaluer leurs programmes afin de les améliorer en fonction des besoins du marché du travail. Dans les lycées, l’art doit refaire son entrée – musique, théâtre -, afin de stimuler la créativité des élèves.
L’Etat doit conserver son rôle régalien en tant que garant d’une éducation accessible à tous. Dans cet ordre d’idées, il doit continuer à subventionner aussi bien le secteur public que le secteur privé. Sa politique inclusive doit être axée sur les familles nécessiteuses afin de permettre à leurs enfants d’accéder à l’éducation sur un même pied d’égalité par rapport aux enfants des familles les plus aisées. L’école de la deuxième chance est un autre volet qu’il faut aborder afin de lutter contre l’abandon scolaire et de garantir l’accès à l’éducation à tous les citoyens.
Toutes ces recommandations, selon les experts, doivent être exposées dans le cadre d’un débat national sur l’éducation impliquant toutes les parties prenantes : syndicats, pouvoirs publics, enseignants, etc. Enfin, une étude d’impacts doit être menée pour faire le suivi des projets financés par les institutions internationales – BM ou PNUD -.