Depuis 2016, de gros efforts ont été entamés en Tunisie afin de rendre le climat des affaires plus propice à l’investissement et à l’initiative privée (loi transversale et décret 417). Mais qu’en est-il des personnes de nationalité étrangère, vivant en Tunisie, et qui veulent lancer leurs propres projets ? Cette question a été débattue à l’occasion d’un atelier de concertation axé sur les opportunités d’entrepreneuriat offertes aux migrants, organisé par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
L’objectif était de dresser la situation des travailleurs étrangers en Tunisie, mais également de tenter d’apporter des réponses aux interrogations de ceux qui veulent bâtir leurs projets dans notre pays. Dans cette optique, le plan d’action du projet “Renforcement de l’écosystème entrepreneurial en faveur des migrants en Tunisie” a été présenté. Il a été exposé par Mohamed Madhkour, représentant du Groupement ADVI-MENSA-SERCO.
“Il [plan d’action] a été conçu à partir d’un constat : la Tunisie est un pays d’émigration traditionnelle, mais il est devenu un pays d’accueil. Face à cette évolution de la situation, le cadre légal – notamment le Code du Travail – n’a pas évolué”, nous a confié ce dernier.
Il considère, aussi, que les dispositifs mis en place ne sont pas conformes aux droits de l’Homme. “Un marocain, installé en Tunisie depuis des décennies, sera confronté à plusieurs obstacles s’il compte lancer sa propre affaire, à l’instar de l’ouverture d’un compte bancaire”, a expliqué Mohamed Madhkour.
D’un autre côté, il déplore l’inégalité qui s’est instaurée entre les petits et les gros investisseurs, considérant que tout est mis en oeuvre en vue de simplifier les procédures au profit de ces derniers. “Plus qu’une inégalité, c’est un véritable manque-à-gagner pour la Tunisie [puisque c’est un investissement manqué, avec toutes ses retombées positives en termes d’emplois et de valeur ajoutée]”, a-t-il encore déclaré.
Plan d’action : ce qu’il faut savoir
Le projet de renforcement de l’écosystème entrepreneurial en faveur des migrants a déjà commencé depuis décembre 2019. Il comporte deux phases. La première comprend un programme de renforcement de capacités, avec des aspects techniques axés sur les soft-skills ou encore la conception d’un business plan. Une fois chose faite, les bénéficiaires seront accompagnés dans la réalisation de leurs projets à travers, à titre d’exemple, la mobilisation des fonds nécessaires au projet. “Au bout de 6 mois, on devrait avoir des entrepreneurs prêts”, a noté Mohamed Madhkour.
Par ailleurs, notons qu’il s’agit d’un projet pilote. Pour son lancement, ses concepteurs ont opté pour le Gouvernorat de Sfax. Il s’agit de “la capitale de l’entrepreneuriat” selon notre interlocuteur, qui a précisé qu’une importante communauté de travailleurs étrangers est basée dans la région. “On compte près d’un millier d’étudiants et 400 travailleurs en situation régulière. Il est important de promouvoir l’entrepreneuriat. Il s’agit, aussi, de sensibiliser les autorités publiques compétentes, à l’instar de l’API – Agence de Promotion de l’Investissement -. Plus encore : nous voulons aussi souligner le rôle du secteur privé dans la promotion de l’entrepreneuriat”, a encore expliqué le représentant du Groupement ADVI-MENSA-SERCO.