Devenue trop pesante au fil des années, notamment depuis 2011, l’économie informelle est en train de grignoter une grande partie de l’économie nationale. 1,9 million de personnes travaillent dans le secteur selon les chiffres du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Quant à l’argent qui circule dans les circuits illégaux, il se chiffre à quelque 4 milliards de dinars selon une déclaration du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Al Abassi, datant de février 2019. D’autres estimations stipulent que cette économie informelle représente près de la moitié de la richesse nationale(PIB).
Nous avons affaire à des chiffres qui donnent le vertige. Les experts ont été nombreux à avoir insisté sur les mesures d’urgence à mettre en place, à l’instar du changement de billets ou de l’amnistie fiscale / de changes. Cette dernière proposition a été reprise par Faycel Derbel, ancien conseiller du Chef du gouvernement et député fraîchement élu, dans son intervention dans Expresso ce lundi 28 octobre 2019. “La Tunisie a besoin de liquidité. Or, celle-ci circule dans les circuits informels. Pourquoi ne pas instaurer une amnistie fiscale ?”, s’est-il interrogé.
L’ancien conseiller recommande la mise en place d’une taxe de 8% pour commencer, qui pourrait atteindre les 10%. Ainsi, il sera possible d’élargir la base des contribuables et d’alléger les impôts sur les sociétés.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle hypothèse est formulée. Cependant, tout au long de ces 5 dernières années, nous n’avons constaté aucune volonté sérieuse en vue de l’intégration de l’économie informelle à l’économie formelle. Le manque-à-gagner, comme nous l’avons souligné, est énorme. Pour la sécurité sociale, on parle de près de 12 milliards de dinars de recettes perdues.
La prochaine ARP (Assemblée des représentants du peuple), le prochain gouvernement et la présidence de la République doivent sérieusement se pencher sur cette délicate question. L’heure n’est plus aux promesses électorales, mais à l’action.