L’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) a exprimé, le 2 octobre 2025, sa vive inquiétude après le licenciement collectif de 45 ingénieurs employés par la société française Stratis Worldwide, unique filiale à Sfax, spécialisée dans le développement digital et la création de sites web. L’ordre qualifie cette décision de «violation grave des droits des ingénieurs tunisiens et de leur dignité», rappelant l’importance du respect des engagements légaux et sociaux en matière de travail.
Dans un communiqué, l’OIT a souligné que l’ingénieur tunisien «n’est pas un simple numéro dans les registres des entreprises, mais une force motrice d’innovation et de développement». L’ordre avertit que toute entrave à son rôle constitue un frein au progrès économique national et annonce qu’elle mobilisera tous les moyens légaux et institutionnels pour garantir un environnement de travail sûr et équitable.
En fait, cette fermeture soudaine a provoqué un choc parmi les ingénieurs concernés. Sur les réseaux sociaux, Amin Khcharem, l’un des ingénieurs licenciés, a décrit la situation comme «45 rêves effondrés en une seule nuit». Lors de son intervention sur Diwan FM, il en a détaillé le déroulement: «Nous travaillions normalement, et à quatre heures et demie de l’après-midi, nous avons reçu un e-mail: ‘L’entreprise a fermé’. Le lendemain, nous avons trouvé le siège fermé, sans personne, et sans aucune information préalable».
Selon Khcharem, les retards de salaires avaient commencé dès le mois d’août, mais les ingénieurs avaient continué à travailler, espérant un règlement respectueux. Malgré des promesses des responsables de l’entreprise, «plus rien n’a été fait. Nous ne savons pas encore quand nous toucherons notre salaire de septembre ni nos autres droits, pour le préjudice moral et matériel», a-t-il précisé.
L’ingénieur a également dénoncé le comportement de l’avocat désigné par l’entreprise, qui, selon lui, aurait parlé «très mal» aux employés et les aurait informés qu’ils ne pourraient rien entreprendre: «Faites ce que vous voulez, vous n’irez nulle part», aurait-il déclaré. Tous les employés concernés étaient sous contrat à durée indéterminée (CDI) sur le papier, mais dans la réalité, «on ne pouvait rien faire», a-t-il ajouté.
Face à cette crise, l’OIT réaffirme sa détermination à défendre les droits des ingénieurs tunisiens, qu’ils exercent en Tunisie ou à l’étranger, et appelle à une prise de conscience sur la précarité croissante des jeunes diplômés. L’ordre insiste sur la nécessité d’une action urgente pour protéger la valeur et la dignité des ingénieurs tunisiens, considérés comme des piliers essentiels du développement économique et social du pays.