Adoptée en 2011, la loi encadrant le microcrédit en Tunisie a ouvert la voie à un secteur en pleine expansion. Destiné aux personnes exclues du système bancaire classique, ce financement vise à soutenir les petits projets commerciaux, artisanaux ou agricoles. Aujourd’hui, plusieurs institutions spécialisées, associations et filiales bancaires opèrent sur le marché tunisien, toutes soumises au même cadre légal. L’objectif est clair : offrir des montants modestes mais accessibles, adaptés aux besoins des petits entrepreneurs.
Selon Slim Ouesleti, expert en valorisation et financement pour startups et PME, parmi les institutions reconnues figurent Enda Tamweel, Taysir, Advans, CFE et Microcred. À côté, des associations locales complètent l’écosystème avec des montants plus réduits, tandis que certaines banques participent via des filiales dédiées.
1. Les montants proposés
- Associations : jusqu’à 5 000 dinars.
- Institutions spécialisées : plusieurs dizaines de milliers de dinars, selon la nature et la taille du projet.
2. Les documents indispensables
Le dossier de microcrédit reste allégé, mais trois pièces sont incontournables :
- Copie de la carte d’identité nationale (CIN).
- Justificatif de domicile (facture d’eau ou d’électricité, ou tout document officiel prouvant l’adresse).
- Extrait de naissance ou état civil.
Pour renforcer la crédibilité du dossier, il est possible d’ajouter des états financiers, si le porteur de projet en dispose. Sinon, les établissements se contentent de collecter le maximum de justificatifs disponibles, tels que extraits de comptes, bons de livraison ou commandes.
Chez Microcred par exemple, la procédure de crédit s’appelle procédure de crédit à impact : le chargé de clientèle doit identifier un ou plusieurs impacts que le crédit pourrait générer pour stabiliser ou développer l’activité, plutôt que de se baser uniquement sur des documents comptables, selon Awatef Mechri, DG de Microcred.
3. Les critères d’évaluation
L’octroi d’un microcrédit repose avant tout sur la capacité réelle de remboursement. Les revenus pris en compte peuvent être :
- Réguliers : salaire, commerce, artisanat.
- Saisonniers ou informels : vente au marché, activités ponctuelles.
- Transferts de fonds : envoyés par un proche à l’étranger.
La situation familiale et la clarté du projet sont également analysées.
4. Le rôle du garant
- Certains établissements peuvent demander un garant.
- Le garant n’est pas forcément responsable du remboursement, mais sa capacité financière est analysée pour s’assurer qu’il pourrait couvrir le prêt si nécessaire.
- La loi protège les individus contre les engagements excessifs de garantie.
5. L’importance du rapport de l’agent de crédit
Le rapport de l’agent de crédit est souvent plus déterminant que la documentation elle-même. L’agent effectue des visites sur le terrain pour :
- Vérifier l’existence et la localisation du projet ou de l’activité.
- Évaluer visuellement les besoins et les moyens.
- Confirmer les informations fournies dans le dossier.
C’est cette évaluation, combinée à l’analyse de l’impact potentiel du crédit, qui sert de base à la décision d’octroi.
6. Délais de réponse
Le temps de traitement varie en moyenne entre 25 et 35 jours, et peut atteindre 45 jours selon l’établissement.