Bien que la Tunisie ait enregistré 1 046 startups labellisées en juin 2024 et une croissance de 205% de son écosystème entrepreneurial entre 2021 et 2023, le pays fait face à des obstacles significatifs qui freinent le développement de ses jeunes pousses innovantes. Une étude de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté – Tunisie et menée avec le Laboratoire d’Intégration Economique Internationale LIEI révèle une perte d’attractivité, la Tunisie reculant de 8 places dans le classement mondial des écosystèmes de startups entre 2020 et 2023, en plus d’une chute alarmante des nouvelles créations, passant de 224 en 2020 à seulement 3 en 2023.
Ces difficultés persistent malgré des initiatives stratégiques comme “Startup Tunisia”, basée sur trois piliers: le Startup Act (cadre juridique), Startup Invest (mécanismes de financement) et Startup Ecosystem (soutien global). L’objectif de l’étude était d’évaluer l’efficacité de ces mesures et d’identifier des actions supplémentaires pour créer un climat d’investissement plus favorable.
Les principaux défis identifiés par les fondateurs de startups sont multiples: les contraintes administratives et bureaucratiques lourdes et inefficaces, signalées par 60,87% des répondants. Le cadre réglementaire est jugé inadapté par 43,5%, notamment pour les fintechs qui doivent se conformer à des règles de banques traditionnelles, et la “sandbox” réglementaire reste inactive. L’accès au financement est également un frein majeur, avec des procédures lentes et lourdes pour les levées de fonds et un manque de transparence dans l’attribution des aides. Les problèmes de marché local, la concurrence informelle et les retards de paiement dans les marchés publics accentuent la pression. La fuite des talents et l’instabilité politique/sociale sont aussi citées comme préoccupations.
Pour remédier à cette situation, l’étude recommande plusieurs actions, dont la création d’un guichet unique pour les startups, la flexibilisation du financement participatif, la transparence dans les programmes de fonds, l’établissement d’un statut juridique spécifique pour les fintechs, et l’accélération de l’adoption du nouveau code des changes. Des mesures pour faciliter l’accès aux marchés publics et soutenir l’internationalisation sont également essentielles pour permettre aux startups tunisiennes d’atteindre leur plein potentiel.