La Tunisie a connu un ralentissement marqué de sa croissance économique, passant de 2,6% en 2022 à seulement 0,4% en 2023. Ce fléchissement est principalement attribuable à une contraction du secteur agricole, conséquence d’une sévère sécheresse, ainsi qu’à une baisse des ventes de phosphate. Ces facteurs n’ont été que partiellement compensés par le dynamisme d’autres secteurs tels que le tourisme, les services financiers et l’industrie. Selon le dernier rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement sur les perspectives économiques régionales du mois de mai.
Dans ce contexte difficile, le taux de chômage a grimpé à 16,4% au dernier trimestre de 2023, tandis que l’inflation atteignait 7,5% en février 2024. Les finances gouvernementales restent sous pression, plusieurs agences de notation ont dégradé la note du pays, ce qui limite l’accès au financement externe. Malgré ces défis, la Tunisie a honoré tous ses engagements de dette externe dans les délais impartis et poursuit, quoique lentement, la mise en œuvre de réformes clés. Parmi celles-ci, la Berd note une consolidation fiscale graduelle, passant par la maîtrise de la masse salariale du secteur public et la réforme de certaines subventions.
Grâce à ces efforts de réforme et à la poursuite de la consolidation fiscale, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre environ 1,9% en 2024 et 2% en 2025. Toutefois, des risques importants subsistent, notamment en raison d’une marge de manœuvre budgétaire limitée, d’un fardeau élevé de la dette externe et de la vulnérabilité de l’économie face aux chocs externes.
La Tunisie se trouve donc à un carrefour critique. Les réformes entreprises sont essentielles pour stabiliser l’économie et instaurer une trajectoire de croissance durable. Cependant, la réussite de ces réformes dépendra de la capacité du pays à naviguer dans un environnement économique mondial incertain et à surmonter les obstacles internes qui freinent son développement.