Le Cjd Talks 2024 a reçu Mohamed Ali Kacem pour discuter des défis et des opportunités liés à l’exportation en Tunisie.
Déficit commercial en Tunisie: l’impératif d’une exportation renforcée
En 2022, la Tunisie a importé pour 26 milliards de dollars et exporté environ 18,5 milliards, laissant un déficit commercial de 8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 24 milliards de dinars. Cette différence correspond à des produits essentiels tels que les produits pharmaceutiques, énergétiques, le blé, les textiles, les machines, etc., que la Tunisie ne produit pas en quantité suffisante pour répondre à sa demande. Pour combler ce déficit, la Tunisie doit emprunter des devises étrangères, ce qui la rend vulnérable en termes de gestion des devises. La clé pour éviter de continuer à emprunter pour la consommation est d’exporter autant, voire plus, que ce que nous importons, en utilisant les revenus des exportations pour investir dans l’infrastructure et les investissements à forte valeur ajoutée.
Le modèle économique des exportations en Tunisie
Le modèle économique basé sur les exportations est crucial pour la Tunisie, en raison de la taille limitée de son marché intérieur. Avec seulement douze millions de consommateurs, le marché tunisien ne peut pas soutenir la croissance des grandes entreprises industrielles. Pour prospérer, une entreprise doit se tourner vers les marchés extérieurs. Par exemple, si toute la production d’huile d’olive était distribuée sur le marché local, une grande partie resterait invendue, entraînant une baisse des prix et des difficultés pour les producteurs.
L’importance des marchés extérieurs pour les entreprises tunisiennes
Mohamed Ali Kacem souligne que rien n’est acquis, même si la Tunisie a pu bénéficier d’un avantage comparatif par le passé, cela ne garantit pas sa pérennité. Il rappelle l’importance de l’accompagnement à l’exportation, soulignant l’exemple réussi de la transformation d’une entreprise publique de commerce international en une entreprise performante après sa privatisation. Il évoque également le succès du FAMEX (Fonds d’accès aux marchés d’exportation) et regrette le manque de programmes similaires aujourd’hui.
L’accompagnement à l’exportation
Il insiste sur la nécessité pour les entreprises d’exporter de répondre à plusieurs questions importantes, notamment sur leur capacité de production, la fiabilité de leurs produits, les normes, la différenciation, le rapport qualité-prix, etc. Il souligne que la culture de l’exportation en Tunisie traverse une période difficile, avec une concurrence de plus en plus rude et des conditions de travail qui ne sont pas toujours optimales.
Les succès passés et les défis actuels
Kacem met en avant le besoin d’une stratégie nationale claire pour l’exportation, ainsi que le potentiel inexploité des marchés africains. Il recommande aux entreprises tunisiennes d’éviter de passer par des importateurs pour accéder à ces marchés, afin de mieux contrôler leurs produits et leur positionnement. Il propose également la création de comptoirs de Carthage dans des pays sélectionnés, avec des entrepôts dédiés, pour faciliter la distribution des produits tunisiens sur ces marchés.
Les recommandations pour l’avenir
En conclusion, Kacem souligne l’importance de l’accompagnement individuel des exportateurs pour optimiser leur processus d’exportation et servir au mieux leurs clients. Il encourage à sortir progressivement d’un modèle basé sur la sous-traitance et les bas salaires, pour se positionner sur la création de valeur et la créativité, afin de mieux répondre aux défis du commerce international.