Dans sa quête de développer des mécanismes et instruments de financement innovants pour le secteur des énergies renouvelables, notamment en matière de gestion des risques, d’horizon et de volume, Nejia Gharbi, la directrice générale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), estime qu’en Tunisie, la non-maturité des projets est l’un des principaux obstacles au succès des Green Bonds.
En effet, suite à une étude de prospection pour une émission d’obligations vertes en Tunisie, il s’est avéré que sur 120 projets identifiés, seulement 8 ont réussi l’examen de passage des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ce projet, initié en collaboration avec le ministère des Finances, la Bourse de Valeurs Mobilières de Tunis, la Banque mondiale et avec un soutien financier du Royaume-Uni, a impliqué plus de 60 partenaires et l’organisation de plus de 80 ateliers.
La nécessité d’accroître l’attractivité de ces instruments est la deuxième conclusion de cette étude. La CDC a également exploré des moyens de rendre les Green Bonds plus séduisants, tout en étant consciente des coûts associés. L’exemple égyptien, avec sa première émission de Green Bonds dans la région MENA, illustre l’ampleur de l’enjeu : une enveloppe de 750 millions de dollars pour un pack de 1,9 milliard de dollars, assortie d’un taux d’intérêt de 5,25% sur 5 ans.
Il est important de mentionner qu’aujourd’hui, la CDC poursuit ses études pour affiner son cadre de travail, avec un accent particulier sur le reporting ESG, un processus complexe et onéreux pour les entreprises et PME. En tant qu’intermédiaire, la CDC aspire à faciliter le reporting aux investisseurs intéressés par les Green Bonds.
Rappelons qu’en Tunisie, il n’y a pas eu, à ce jour, de recours à cet instrument. Cependant, un guide d’émission d’obligations durables et socialement responsables a été publié en 2022 par le Conseil du Marché Financier, ayant pour objectif de promouvoir le développement du marché des obligations vertes et son rôle dans le financement des projets d’infrastructures permettant de répondre aux Objectifs de Développement Durable (ODD) du pays. Or, en janvier 2023, les obligations vertes auront levé 2 500 milliards de dollars dans le monde pour soutenir des projets écologiques et durables, selon la Banque mondiale.