La Foire internationale du livre de Tunis (FILT), qui devait se tenir du 19 au 28 avril 2024 au Parc des expositions du Kram, a été reportée à une date ultérieure et dans un autre lieu, selon un communiqué de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques (Enpfmca), publié samedi sur sa page Facebook.
Ce report, qui intervient à quelques semaines de l’événement, a suscité la déception et la colère de nombreux éditeurs, distributeurs, libraires et auteurs. Et pour cause, ils comptaient sur cette manifestation annuelle pour promouvoir leurs ouvrages, rencontrer leur public et réaliser une partie importante de leur chiffre d’affaires.
Hichem Kacem, manager-fondateur de KA’ Editions & Consulting, témoigne de son mécontentement face à cette décision qu’il juge injustifiée et préjudiciable pour les différents acteurs de l’industrie du livre.
«La foire et le salon du livre se préparent généralement suffisamment à l’avance pour que les gens soient prêts le jour J. On s’investit dans la foire, on prépare des invitations, des séances de dédicaces, de signatures… On produit le maximum de livres pour répondre à la demande. Je réalise 20 à 30% de mon chiffre d’affaires annuel à la foire du livre», affirme Kacem.
Et d’expliquer: «C’est une occasion unique de faire connaître mes auteurs et mes collections. Pour nous, c’est une fête, on est présents en tant qu’éditeurs pour raconter le livre».
Hichem Kacem déplore également la manière dont le report de la foire du livre a été annoncé, sans concertation ni explication avec les professionnels du livre. «La communication est terrible. On a appris le report du livre sur Facebook. On n’a pas reçu de courrier officiel, ni d’appel téléphonique, il n’y a pas eu de réunion. On ne sait pas pourquoi ils ont reporté la foire, ni quand ni où elle aura lieu», dénonce-t-il.
De surcroît, Hichem Kacem fait face à la difficulté de vendre ses livres à l’international. Il a créé un site web de vente de livres en ligne, destiné à l’export, mais il n’a pas réussi à afficher ses prix en euro. Il n’a ni un compte PayPal ni la possibilité d’avoir des comptes en devises pour pouvoir travailler et prospérer à l’échelle internationale. Il n’a pas non plus le droit de vendre sur Amazon, la plateforme de commerce en ligne la plus populaire au monde. Il se sent ainsi limité par les contraintes administratives et financières qui entravent le développement de son activité.
Sur un ton amer, le fondateur de KA’ Editions & Conseils affirme que «la Tunisie, pays riche en culture, voit son écosystème du livre fragilisé, malade, qui peut même mourir à petit feu». Il souligne que de telles décisions risquent de compromettre sérieusement l’existence même des éditeurs.