Le Groupe Casino, qui chapeaute les supermarchés Géant Casino, Monoprix, Franprix, Cdiscount et Naturalia, traverse le désert. L’empire français de la grande distribution a accumulé une dette énorme au fil des années. Fin 2022, la dette financière nette à l’échelle du groupe s’est élevée à 6,4 milliards d’euros, dont 4,5 milliards en France. En parallèle, ses ventes continuent à reculer, frappées de plein fouet par l’effritement du pouvoir d’achat. Le résultat est des pertes successives: -316 millions d’euros en 2022 et -534 millions d’euros en 2021.
Le 26 mai 2023, le groupe est entré dans une procédure dite de conciliation, qui doit lui permettre de renégocier sa dette auprès de ses créanciers. Elle est limitée à quatre mois, durant lesquels de grandes manœuvres doivent être menées pour trouver de la liquidité. Lundi dernier, la direction de l’enseigne a annoncé qu’elle compte céder 119 de ses magasins au groupement Intermarché, troisième acteur de la distribution alimentaire en France. Cela est encore largement insuffisant pour rétablir l’équilibre des comptes.
Et à la surprise générale, un communiqué de presse est paru, précisant que trois hommes d’affaires sont en train de travailler «pour faire émerger une solution industrielle et financière pérenne pour le groupe Casino». Il s’agit des fondateurs du groupe de distribution Teract: Xavier Niel, Matthieu Pigasse et le Tunisien Moez-Alexandre Zouari. Le trio a présenté une offre de 1,1 milliard d’euros pour monter au capital de Casino, dont 300 millions d’euros investis directement par leur véhicule d’investissement «3F». L’offre concurrence celle du Tchèque Daniel Kretinsky, qui a même lancé les due diligence, de même montant.
Ce qui ferait la différence serait le sort des salariés, à plus de 55 000. Les syndicats sont alertés et les autorités françaises auront leur mot à dire dans une affaire qui peut se transformer en un casse-tête social.